Les études récentes sur le monde associatif et politique ne pouvaient qu’inviter les chercheurs à confronter et à croiser leurs travaux sur les ligues. C’est par le biais d’approches transversales que leur histoire a été réinterrogée afin de comprendre les conditions de leur émergence tout comme les différentes phases de leurs évolutions (moments d’apogée, d’atonie, d’agonie, de déclin ou de reconversion). Plus qu’une juxtaposition de monographies, le volume entend poser des constantes du phénomène ligueur sous la IIIe République et repérer ses évolutions.
Les ligues ont été revisitées autour de plusieurs thèmes. En premier lieu, leur mode d’organisation interne : spécificités structurelles et institutionnelles, règles, normes, valeurs et coutumes qui les régissent sont autant d’éléments révélateurs de la représentation de la société que se font leurs fondateurs. Dans cette perspective, leur presse interne, leurs points d’appuis dans la presse nationale ou locale, la constitution en leur sein d’une formation militante, d’un service d’ordre, d’une organisation de jeunesse, ou de services d’entraide témoignent de leur volonté d’opérer un ancrage diversifié.
En second lieu, il a fallu questionner leur définition. Agissant sur un terrain catégoriel, civique, ou politique ou sur plusieurs de ces terrains simultanément, doit-on les qualifier de groupes de pression ou d’intérêt, de mouvement, de rassemblement ou de forces proto ou para partisanes ? L’analyse de leurs modes d’actions, de leurs modalités d’influence et des lieux investis conduit à mieux cerner leur identité et leur pénétration tant sociale que territoriale.
L’ouvrage aborde en dernier lieu le problème de leur pérennisation et de leur institutionnalisation tant sous l’angle des relations entretenues avec l’État que des réponses des gouvernements envers les ligues et ce, en fonction des différents contextes : soutien, ignorance ou dissolution.