Marie au buisson d'argent. Notre-Dame de l'Epine, pèlerinage champenois
Par Jean-Baptiste Renault
Éditeur : Presses universitaires de Nancy - Collection "Archéologie, Espaces, Patrimoines"
Notre-Dame de L'Épine, « splendide fleur de l'architecture gothique » ( V. Hugo ) a jailli sur la plaine champenoise au XVe siècle, comme une petite cathédrale des champs. Depuis elle ne cesse d'étonner les voyageurs et de voir affluer les pèlerins. Construite pour accueillir les nombreux fidèles, la basilique entreprise en pleine Guerre de Cent Ans surprend par sa monumentalité. Ce livre retrace six siècles d'histoire du sanctuaire marqués par des embellies ( des « recharges sacrales » ) et parfois des temps de reflux. Le dynamisme et le rayonnement du sanctuaire ont beaucoup fluctué. À l’origine, L’Épine, à proximité de Châlons-en-Champagne, était presque un pèlerinage péri-urbain pour les Châlonnais, attirant occasionnellement des pèlerins plus lointains. Se trouvant sur un axe est-ouest, le village et le sanctuaire sont, depuis les origines, halte pour les voyageurs et les pèlerins en itinérance vers les lieux plus lointains. À la fin de l’Ancien Régime, malgré des tentatives pour accorder les pratiques à l’esprit de la réforme catholique, le sanctuaire n’attirait plus guère que des ruraux, le pèlerinage, pratique traditionnelle, creuse le décalage avec les efforts pastoraux de l’Église. Dans le réveil spectaculaire du pèlerinage au XIXe siècle, se mêle une part de spontanéité et des offensives du clergé pour relancer et mieux encadrer les pèlerinages. La pratique pèlerine a évolué, entre ses tendances individuelles et collectives, spontanées ou encadrées dans une pastorale. Des récits légendaires aux images de dévotion, s’est dessiné un imaginaire pèlerin. La Vierge de L’Épine, honorée depuis les temps troublés de la Guerre de Cent Ans, est la mère des souffrants, la Vierge du Stabat Mater, au pied de la Croix. Mais c’est aussi la protectrice de l’enfance, L’Épine étant devenu un sanctuaire, tout spécialement consacré aux enfants.