Richard de Wassebourg et les Antiquitez de la Gaule Belgicque

Textes réunis par Jean-Christophe Blanchard et Isabelle Guyot-Bachy dans la cadre du projet ERUDHiLOR (CPER ARIANE)

À l’automne 2019, le Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRULH - Université de Lorraine) et la ville de Verdun ont consacré deux journées d’études à Richard de Wassebourg, à l’occasion du 470e anniversaire de la publication de son œuvre unique mais monumentale, les Antiquitez de la Gaule Belgicque, royaume de France, Austrasie et Lorraine, avec l’origine des duchés et comtés de l’ancienne et moderne Brabant, Tongre, Ardennes, Haynau, Mozelane, Lotreich, Flandres, Lorraine, Barrois, Luxembourg, Louvain, Waudemont, Jainville, Namur, Chiny, et autres principautés ; extraites sous les vies des évêques de Verdun, ancienne cité d’icelle Gaule.
Richard de Wassebourg (v. 1484-v. 1556) demeure très largement un inconnu. Que pouvons‑nous reconstituer du parcours de ce jeune homme, fils d’un serviteur anobli du duc de Lorraine qui quitta sa ville natale de Saint-Mihiel dans les toutes dernières années du XV^e siècle pour aller étudier à Paris ? En quoi consista sa formation au collège de La Marche ? Quelles lectures, quelles rencontres fit-il dans le Paris des années 1500 qui orientèrent sa carrière et façonnèrent peut-être ses convictions politiques et religieuses ? Quel principal fut-il pour le collège de La Marche à l’heure où celui-ci comptait dans ses rangs des humanistes de renom ? Car c’est sans doute à l’intersection de ces années universitaires et de son long canonicat verdunois que fut conçue l’œuvre et rassemblés les matériaux, qui témoignent de contacts étroits avec les modèles et les auteurs humanistes de toute l’Europe.
Si le cœur de la Gaule Belgicque est à ses yeux Verdun, sa cathédrale et ses évêques, c’est à comprendre dans la profondeur historique la complexité géopolitique d’un espace qui s’élargit en cercles concentriques depuis les Lorraines jusqu’aux Pays-Bas bourguignons, qu’il s’attache.
De cet ambitieux projet, force est de constater l’échec éditorial tant auprès de ses contemporains que des générations d’historiens qui suivirent. La matérialité de la diffusion et la réception des Antiquitez ont été analysées pour tenter de comprendre les causes et les mécanismes de leur disqualification, puis de leur délaissement.
Wassebourg ne peut être jugé qu’au regard des intentions et des pratiques historiographiques de son temps. C’est ce que les contributeurs de ce volume se sont efforcés de faire à l’aune des connaissances de leur propre époque, persuadés que bien des facettes de l’homme et de l’œuvre restent encore à explorer.