Transgression dans les années noires. Nancy 1940-1944
Thèse de Didier Perrin soutenue en octobre 2018 sous la direction de Jean-Noël Grandhomme.
Les 1 550 jours d’Occupation qui plongent Nancy dans les années noires représentent une ombre historiographique. En étudiant les rapports quotidiens de police, confrontés au concept de transgression, cet ouvrage analyse les processus qui ont permis au corps social d’une capitale régionale de réagir à la double contrainte de la guerre et de la Collaboration.
Les multiples formes de désobéissance qui apparaissent ne sont pas seulement une réponse aux rigueurs du temps. Entre les attitudes de non-acceptation, le refus exprimé par la Résistance et la désignation d’ « indésirables » par le régime (Juifs, étrangers, communistes, francs-maçons), la déviance détermine des attitudes nouvelles qui pénètrent toutes les catégories et remodèlent le territoire de la ville. La transgression devient finalement une nouvelle normalité qui tente de tenir à distance à la fois la sujétion de l’occupant et l’obéissance à Vichy. Cette étude historique globale est à rebours des représentations figées dans le sens où elle traduit le dynamisme de la société urbaine. Face à la dureté inédite de l’Occupation qui se joue à Nancy, l’engagement est une nécessité de survie pour chacun au prix d’une redéfinition du légal, du licite, du légitime, et au risque de la sanction. Cet ouvrage a reçu le grand prix de la Société d’Histoire de Nancy.