Archives audiovisuelles industrielles. Enjeux et pratiques actuels

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Colloque/Journée d'étude
à partir de 9h30
Ile du Saulcy, Bâtiment Simone Veil, amphi 3 ou via Teams
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Organisé par Nadège Mariotti (MCF, CRULH – Pôle LLECT) et Fabrice Montebello (PR, Directeur 2L2S Metz – Pôle CLCS) 

En partenariat avec Image’Est et le Pôle de l’image en région Grand Est 

Colloque hybride 

Ce colloque, intra-pôles de l’Université de lorraine, était destiné à explorer les outils communs aux chercheurs de diverses disciplines, telles que la sociologie, l’histoire et les arts, que sont les archives audiovisuelles industrielles internes et externes à la Grande Région. Il a été l’occasion de donner naissance au festival Le travail au cinéma

Depuis la naissance du cinéma et tout au long du XXe siècle, les industries, les institutions ont produit des images fixes et animées de leurs usines, de leurs ateliers, de leurs hommes et femmes au travail.  Leur intérêt en tant que valeur ajoutée patrimoniale a évolué au fil du XXe siècle engendrant souvent des discours antinomiques allant même parfois jusqu’à leur destruction une fois leur utilité formative ou publicitaire passée. Or, depuis la loi française à propos des archives de 1979 et la gestion du dépôt légal par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée depuis 1992, la nécessaire conservation des supports audiovisuels ne fait plus guère débat aujourd’hui. Bien au contraire, le travail de mémoires initié dans les années 1970 et 1980 à propos des camps concentrationnaires s’est accentué au fil des dictatures, des exactions commises à l’échelle planétaire ; en témoignent les nombreux documentaires insérant en leur sein des images dites d’archives. Les diverses institutions publiques, privées et associatives développent dans ce cadre des missions qui leur sont relativement similaires. Il s’agissait de collecter, conserver et valoriser ces supports devenus archives. 
Par ailleurs, les facilités de créations numériques depuis le virage du XXIe siècle ont engendré une production exponentielle de documents audiovisuels. Le choix de les conserver ou non devient, à l’instar des documents imprimés et des objets archéologiques, une nouvelle préoccupation. L’UNESCO apporte une réponse. Les archives audiovisuelles « […] ne sont conservées que lorsqu'elles possèdent une valeur historique. Cette valeur peut être complexe à évaluer ; cela signifie en tout cas que les fonds conservés n'incluent pas la totalité des documents produits. Elles n'ont pas été conçues comme des documents historiques. Ce sont des documents produits au fil de l'action, qui doivent être analysés en tenant compte de leur auteur et du contexte de leur création. » 
Le but de ce colloque était justement de contribuer à réfléchir à la valeur patrimoniale, aux actions et pratiques de patrimonialisation que suscitent des archives moins consultées, en marge parfois des programmes de diffusion, que sont les productions audiovisuelles industrielles. C’est pourquoi, ce colloque invitait des chercheur.e.s et des institutions de conservation d’archives audiovisuelles industrielles à parfaire leurs missions et leur appartenance à la Grande Région (Belgique, Luxembourg, Allemagne, France) par-delà leurs frontières propres, en comparant avec d’autres initiatives nationales et internationales. Dans l’optique d’identifier une patrimonialisation dépassant le cadre restrictif de la « valeur historique » des archives audiovisuelles industrielles, il a été décidé de mettre en exergue les travaux touchant les champs de recherche en histoire, en sociologie et en arts.

Ainsi, deux axes réflexifs de patrimonialisation ont été envisagés :
1.    La collecte, la conservation et la patrimonialisation des archives audiovisuelles industrielles dans la Grande Région et au regard d’autres initiatives (nationales, internationales).
2.    La pratique et la valorisation des archives audiovisuelles industrielles dans la Grande Région et au regard d’autres initiatives (nationales et internationales).

En parallèle du colloque universitaire porté par le CRULH et le 2L2S, Image’Est en collaboration avec l’Université de Lorraine, propose d’organiser pendant trois jours un festival de cinéma autour de la question de la représentation du travail dans le cinéma. La programmation de ce festival comprendra deux volets complémentaires l’un de l’autre en ayant la volonté d’élargir au maximum le public. S’appuyant sur ses archives, Image’Est mettra en avant pour l’occasion les films amateurs et documentaires issus de ses collections. Ce premier volet de la programmation donnera ainsi la part belle à ces films méconnus, ces « inédits », dont Image’Est assure la collecte, la conservation, le traitement et la numérisation pour la tout le territoire régional, et en particulier en Lorraine. Le cinéma amateur est une formidable source de documents à valeur historique témoignant de la vie de nos sociétés à une époque révolue : faits divers, pratiques de loisirs, rites religieux, exploits sportifs, manifestations artistiques, restructurations économiques, transformations urbaines, turbulences de la vie politique... Ces films racontent des histoires incarnées et donc toujours singulières qui contribuent à enrichir voire à amender la version officielle de l'Histoire. Mais le cinéma amateur est surtout une fenêtre sur notre histoire locale. En suivant son évolution historique, il est possible de retracer les faits marquants de nos territoires et de relater les grandes transformations à l’œuvre au plan local. L’histoire du cinéma amateur peut ainsi être le prisme de l’histoire, de l’identité et de la mémoire partagée de notre région. C’est ce qui en fait la vraie richesse et rend le public particulièrement intéressé par leur découverte.
Afin de toucher un public plus large, le second volet de la programmation sera axé sur une programmation de long métrage de fiction, en lien avec l’actualité cinématographique. De Métropolis de Fritz Lang et Les Temps modernes de Charlie Chaplin jusqu’à des films comme La Loi du marché de Stéphane Brizé (2015), Ceux qui travaillent d’Antoine Russbach (2018) ou À plein temps de Eric Gravel (2021), ce ne sont pas les longs métrages de fiction traitant de l’univers du travail qui manquent dans l’histoire du cinéma. Une sélection de films anciens et plus récents sera ainsi mise en avant pendant le festival.
L’objectif d’une telle programmation est de permettre de toucher un public plus large que celui du colloque universitaire et que celui qui s’intéresse au film d’archives amateurs. Cette programmation pourrait ainsi inclure une ou deux avant-premières en fonction de l’actualité cinématographique et elle comprendra en tous les cas la venue d’une ou deux équipes de films (réalisateur, scénariste ou comédiens). Chaque film présenté sera accompagné par un professionnel du cinéma, par un critique ou par un universitaire. 
Si pour la première édition prévue à Metz du 11 au 13 mai 2023, le nombre de rencontres et de films proposés restera probablement limité, l’ambition d’Image’Est, en collaboration avec l’Université de Lorraine, est bien de faire de ce festival un rendez-vous annuel récurent.