L'Etat et la construction cartographique de la frontière (XVIIe-XIXe siècle)

image frontières
Colloque/Journée d'étude
à partir de 9h15 le 8 juillet ; à partir de 10h le 9 juillet
Landesarchiv Saarbrücken
Affiche Etat et construction cartographique

Dans le cadre du PFR « Espaces frontaliers », une deuxième rencontre s'est déroulée à Sarrebruck. Cette rencontre a du être envisagée dans le cadre d’un processus de réflexion collective autour de la fonction des cartes et du rôle de la cartographie dans la construction de l’État. En effet, l’existence d’un État passe par ses institutions, ses dirigeants, comme aussi par sa capacité à se dire, à se raconter – par exemple avec des historiographes – et à se représenter. Cette représentation est bien entendu de l’ordre de l’humain, de l’iconographie, de l’héraldique, mais aussi de la cartographie. La carte constitue en effet un moyen de montrer aux yeux de tous l’emprise spatiale de l’exercice de l’autorité pour l’État. On connait l’anecdote lorsqu’en 1682, l’astronome La Hire présente au roi La Carte de France corrigée par les ordres du roi et qui s’exclame : « Ces messieurs de l’Académie avec leurs chers travaux m’ont coûté une partie de mon royaume et m’ont pris plus de territoire que tous mes ennemis réunis !
». Au-delà de l’anecdote, on comprend la dynamique engagée au nom de l’État pour gagner en précision – ici grâce à la triangulation – et en connaissances, car il s’agit bien de cela : mieux connaître pour mieux gouverner. Or, pour ce faire, il convient d’affiner au mieux le tracé qui permet de circonscrire le périmètre de l’espace dominé par l’État. La frontière et son tracé font ainsi l’objet d’une recherche de plus en plus active d’une précision topographique fine : la carte dite de Cassini est à l’échelle 1/86000e mais celle des Naudin, créée entre 1728 et 1739, au 1/28800e, soit presque le standard de la carte topographique que nous connaissons. En- dessous, il y a bien entendu le plan. Or c’est la capacité mathématique et technique de représenter à une échelle très petite un espace qui fait pleinement entrer la carte dans le processus de construction de la frontière.
L’État est au cœur du processus de mise en carte. En France, dès le XVIe siècle, Nicolas de Nicolay s’est vu confier un projet cartographique d'envergure nationale qui donne lieu notamment à la Description générale du Bourbonnais (1569), tout comme Nicolas Sanson ou les Cassini au XVIIe siècle dont les productions sont davantage connues. La carte, comme les « mémoires » ou descriptions sur une ville ou un espace défini, deviennent des outils de gouvernement, au XVIIe siècle et, plus encore au XVIIIe siècle au moment où la carte-plan, à une petite échelle, donne de plus en plus à voir la topographie. Pour ce faire, la précision devient une nécessité et une affaire de spécialistes : les ingénieurs-géographes, qu’ils soient militaires ou civils. Les archives recèlent nombre d’exemples des travaux réalisés par ces derniers. Cartes et plans qui représentent l’espace frontalier sont de facto des producteurs de frontière, par le tracé, le dessin et la légende. L’écart est réel entre la carte de Lorraine de Mercator ou de Johannes Janssonius (1/326 000e), avec son tracé de frontières en pointillés noirs et, par exemple, Les Estats du Duc de Lorraine d’Alexis-Hubert Jaillot (1705) qui dresse sa carte au 1/180 000e, usant de la couleur pour déterminer les tracés frontaliers. De même, en 1708, Gaspard Baillieu dresse une carte – Partie du cours de la Saare où est Sar-Louis… – avec une échelle à peine plus fine (1/165 000e) où cette frontière est tracée en couleurs. Avec les Naudin et la précision quasi topographique, ces tracés peuvent être encore mieux déterminés et suivi. Reste que dans les discussions liées aux traités frontaliers, le terrain conserve toute son importance et que la carte-plan joue certainement un rôle. Ainsi, il apparaît fructueux d’interroger ces productions cartographiques, à différentes échelles, afin de questionner la mise en œuvre pratique du tracé frontalier entre France et Empire. Comment ces cartes sont-elles établies et quels sont leurs usages dans la pratique diplomatique ? En quoi sont-elles déterminantes dans la représentation de la frontière, pour des acteurs comme pour des praticiens ? Ces questions générales peuvent être abondées avec une étude fine de cas particuliers, avec des mises en regard archives écrites et cartographie, en jouant sur les formes et échelles de dessin comme sur les légendes et le vocable employés.

La rencontre, fondée sur l’étude de cartes, a permis de réfléchir sur le processus de « frontiérisation » pratique et symbolique, de part et d’autre d’une limite, avec en arrière-plan une question : sommes-nous face à une frontière de papier partagée, « égale », ou bien sur une cartographie imposée par la monarchie française et ses spécialistes face à de plus modestes États ? Et, en revanche, quel rôle le savoir cartographique jouait-il dans le gouvernement des « petits » princes d’outre-Rhin ? Le champ d’études a été celui de la région de la Sarre et des frontières actuelles entre France et Allemagne, mais sans exclusivisme. Les travaux se sont appuyés sur les fonds cartographiques du Landesarchiv des Saarlands à Sarrebruck (Fonds Hellwig entre autres) et sur d’autres accessibles en ligne.


Staatsbildung und kartographische Konstruktion von Grenzen (17.-19. Jahrhundert)

Im Rahmen des PFR Espaces frontaliers | Grenzräume (1500-1815) veranstaltet die Université de Lorraine in Kooperation mit der Universität Leipzig einen zweiten deutsch-französischen Workshop, der einen Austausch zum Thema der kartographischen Konstruktion von Grenzen in historischer Perspektive anregen soll. Ziel ist es, Masterstudierende und Promovenden, die in diesem Themenspektrum Forschungsinteressen verfolgen, sowie Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftler, die schwerpunktmäßig zum Thema forschen und lehren, in einen Dialog zu bringen.
Staaten hängen von ihren Institutionen und Akteuren, aber auch davon ab, wie sie dargestellt bzw. historisch präsentiert werden. Karten konnten bei der Konstruktion des Staates eine entscheidende Rolle einnehmen, insofern sie die räumliche Ausdehnung seiner Macht herausstellten. Die Produktion der Karten hing wiederum von beauftragten Experten (Geographen, Landvermessern, Zeichnern) und ihrem technischen Wissen ab, die ihrerseits prestigesteigende Wirkung für ihren Auftraggeber haben konnten. Karten waren ein symbolisches Machtinstrument, aber mit fortschreitender Präzision der Vermessungs- und Darstellungstechniken auch ein exaktes Erfassungsmedium von Raum, das so manchen fiktiven kartographischen Vorgriffen einen Strich durch die Rechnung machen konnte. Man denke an die Anekdote von 1682, als der Astronom La Hire dem französischen König eine Karte Frankreichs übergab und dieser daraufhin rief: „Diese Arbeiten der Experten meiner Akademie haben mich einen Teil meines Reiches gekostet und mir mehr Territorium abgesprochen als alle meine Feinde zusammen!“
Zwischen dem 16. und 18. Jahrhundert, dem Zeitraum entscheidender, kartographischer Innovationen – man denke an die Triangulation – erlangten Karten eine wichtige Funktion für die Ausübung von Herrschaft: es ging nicht nur darum, Territorium symbolisch zu markieren, sondern auch um präzise Informationen für die Herrschaftsausübung in fiskalischen oder militärischen Belangen. Frankreich mit seinen für die Staatsmaschinerie arbeitenden ingénieurs-géographes und den Cassini ist dabei gemeinhin ein Bezugspunkt der engen Verbindung zwischen der Geschichte der Kartographie als Wissensgeschichte einerseits und Kartographie als Teil des Staatsbildungsprozesses andererseits. Die Peripherien des Königreichs und insbesondere der Grenzraum zum Reich stellten einen besonderen Fokus der französischen Ingenieure dar, was aufgrund der politischen Entwicklungen der Zeit nicht verwundert. Lothringen und der Saarraum waren dabei Gegenstand früher anspruchsvoller Kartierungsunternehmungen, betrachtet man bspw. Les Estats du Duc de Lorraine von Alexis- Hubert Jaillot (1705) im Maßstab 1/180 000 mit kolorierten Grenzlinien oder, drei Jahre später, die Karte von Gaspard Baillieu (Partie du cours de la Saare où est Sar-Louis) im Maßstab 1/165 000. Die Fixierung und Darstellung der Landesgrenzen, die auf größeren Karten überhaupt erst seit dem späteren 16. Jahrhundert auftraten, machen Altkarten zu einer besonders ergiebigen Quelle für die historische Grenzforschung.
Im Mittelpunkt der Veranstaltung soll die kartographische Genese der „deutsch“-französischen Grenze von der Frühen Neuzeit bis ins 19. Jahrhundert stehen. Die Fragen nach den Produktionsweisen und den involvierten Experten sollen zum Hauptstrang der Diskussion führen, der sich um die unterschiedlichen Funktionsweisen von Karten, auch im diplomatischen bzw. zwischenstaatlichen Gebrauch, dreht: Inwiefern bestimmten sie die Repräsentation und Wahrnehmung „der“ Grenze? Im gleichen Maße sollen der Grenzbildungsprozess und die damit einhergehenden Schriftquellen betrachtet werden. Wann müssen wir von einer „akzeptierten“ und wann von einer von der französischen Monarchie und ihren Spezialisten gegenüber kleineren Reichsständen „durchgesetzten“ Grenze sprechen? Welche Rolle spielten Kartographie und geographisches Wissen im Herrschaftshandeln der benachbarten, kleineren Reichsstände? Diese Fragen sollen exemplarisch anhand von ausgewählten Karten und Schriftüberlieferungen erörtert werden, wobei der geographische Fokus sich nicht auf den Saarraum beschränken muss. Am Beispiel von Kartensammlungen,
z.B. der bedeutenden Sammlung von Fritz Hellwig, soll die bildliche und textliche Analyse von Altkarten geübt werden.