LEININGER Alison

À la fin du Moyen Âge, la Lorraine se présente comme une terre stratégique pour les ducs de Bourgogne. Cette région de frontière est un espace politique qui se structure autour du service de différents princes, grâce à des liens de fidélités à la fois horizontaux et verticaux. Pourtant, l’histoire régionale lorraine a été écrite après la défaite de Charles le Téméraire en 1477, en opposition avec la Bourgogne. Ce biais historiographique tait l’interculturalité de la région et la complexité des constructions étatiques à l’œuvre pendant plus d’un siècle.
Pour s’assurer que l’État bourguignon « prenne pied » en Lorraine (B. Schnerb), il faut au duc des partisans qui lui permettent de s’implanter dans la région. Ces individus font écho aux serviteurs de l’État qui occupent une place primordiale auprès des princes. Quelques rares partisans (notamment la famille de Neufchâtel) sont connus à partir du deuxième tiers du XV^e siècle, mais la majorité des hommes et des femmes qui constituent ces réseaux de fidélité sont encore anonymes. Aussi, le détail de leurs actions et leurs motivations sont peu connues. Il reste à évaluer l’ampleur des réseaux qui ont permis aux ducs de Bourgogne de manifester leur puissance dans cette région d’entre-deux.
Cette thèse se propose d'étudier ces réseaux, grâce à une démarche prosopographique et à l’utilisation d’outils informatiques pour leur constitution, leur visualisation et leur analyse. Avec une étude sur le temps long (1363-1477), il devient possible d’exploiter une plus grande variété de sources lorraines et bourguignonnes, et d’assurer un changement d’échelle. Ainsi, on pourra mettre en évidence les liens entre les différents acteurs, leur poids politique et le rôle qu’ils ont pu jouer dans les stratégies politiques bourguignonnes en Lorraine.