Les hommes face à la guerre. Regards croisés sur les guerres austro-ottomanes au XVIIe siècle

Directeur / directrice de thèse
Date de soutenance
Membres du jury CRULH
Membres du jury hors CRULH
VATIN Nicolas
ISIKSEL Günes
SCHAUB Marie-Karine
TOTH Ferenc
GIRARD Aurélien
Lieu de la soutenance
"Salle A 104, Campus Lettres et sciences humaines à Nancy

Ce travail de thèse porte sur l’engagement en guerre des armées au sein de l’espace frontalier qui sépare la casa de Austria et la Sublime Porte. Hommes de guerre et sujets prennent les armes au nom des souverains (Saint-Empire, l’Empire ottoman, Haute-Hongrie, Transylvanie, Lorraine et duchés italiens). Cette étude propose une histoire totale des guerres de Hongrie au XVIIe siècle en trois parties. Elle s’appuie sur une documentation manuscrite, imprimée et iconographique aussi riche que dispersée. Elle est issue de nombreux dépôts d’archives, des fonds parisiens aux fonds départementaux et municipaux de Lorraine. Il faut y ajouter les fonds plus éloignés de Vienne et d’Istanbul. Au premier rang des documents traités se trouve un corpus de registres des mühimme (Mühimme Defterleri), des Kamil Kepeci et des Maliyeden Müdevver Defterleri, des Bestallungen, ainsi qu’un vaste ensemble de rapports, de lettres et de chroniques écrits par les hommes du temps. Le travail réalisé met en évidence trois points. Le premier s’intéresse à la guerre des mots à partir des prophéties relatives à la chute de l’Empire ottoman et à la domination du monde par celui-ci. Ces prophéties hongroises, transylvaines, allemandes, françaises, lorraines, savoisiennes et ottomanes participent à la culture de l’antagonisme et servent aussi d’ornements glorieux. Le second est l’espace d’interface que représentent les portes de Hongrie. Cette frontière austro-ottomane est loin d’être une barrière infranchissable. La conquête d’une partie des terres hongroises au XVIe siècle par le sultan lui confère un nouveau rôle. S’y développe une société de frontière où des liens, des mouvements, des échanges se constituent et circulent. En parallèle, cet espace connaît de nombreux incidents, d’actes de pillage, des déprédations et des razzias. Ces différends jouent un rôle central dans les entrées en guerre des Ottomans contre Vienne. De part et d’autre de la frontière, les deux empires ont cherché à organiser et à renforcer les défenses de la frontière danubienne aux XVIe et XVIIe siècles. Le dernier point se concentre sur les expériences de guerre à l’échelle des individus. La guerre est surtout un moment où tous les hommes de guerre cherchent à répondre à une foule de motivations personnelles et collectives. Les combattants s’engagent avec un chef qui leur permet de mener le métier des armes en échange de revenus et d'opportunités. Ils sont une société à part entière avec ses fractures sociales et une composition transnationale. Mais les manquements et les insuffisances affectent le sort des hommes de guerre. Ils imposent de fragiles modus vivendi aux généraux, aux soldats et aux populations des marches hongroises. Les généraux sont donc confrontés en permanence aux maux de la guerre qui rendent difficile la gestion des troupes, qu’il s’agisse du relâchement de la discipline, du laminage provoqué dans les rangs par les épidémies et les désertions. Ils provoquent aussi des pillages de guerre qui ne se limitent pas à l’appropriation des biens mais aussi des personnes.