Instituer en temps de crise : pratiques d'archives au ministère des Affaires étrangères (début XVIIIe-début XIXe siècle)

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Conférence
17h30
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par Juliette Deloye

Cette contribution étudie les liens entre situation de crise politique et ruptures documentaires en observant ce qui se passe au sein du dépôt du ministère des Affaires étrangères à la fin de l’époque moderne. On peut repérer deux moments où l’institution(nalisation) du ministère par l’écriture semble s’être accélérée. En amont, l’installation du dépôt du ministère au Louvre en 1710 correspond à une période où les commis commencent à archiver des discours sur le ministère. Ce dépôt est un symbole fort de la bureaucratisation du ministère et de la professionnalisation de la diplomatie. En aval, sous le Consulat puis l’Empire, les commis ont largement pioché dans les archives de leur dépôt pour produire de nouveaux règlements et restructurer la carrière diplomatique ; ils ont aussi réorganisé les archives. Ce sont deux moments où l’on peut observer des ruptures documentaires. Un premier moment inaugural où de l’archivage advient, si ce n’est de manière brutale, du moins de manière repérable avec l’assignation des archives des Affaires étrangères à un lieu et à un garde. Un second moment, dans les premières années du XIXe siècle, correspond à des réorganisations importantes des archives avec la création de la série du Personnel par exemple, qui existe toujours, et des mises en recueil de documents de différentes séries anciennes, qui ont marqué
l’archivage du ministère au point qu’on peut encore les consulter sous cette forme aujourd’hui. Présenté ainsi, le terme de « rupture documentaire » intervient dans une histoire longue des institutions. Il conduit à étudier la place de l’avènement d’un certain ordre archivistique dans la genèse de l’État moderne. Il est tentant en effet de situer ces deux moments de ruptures archivistiques dans la chronologie d’une histoire longue de l’État : le premier correspond à la monarchie administrative sous Louis XIV, le second aux stabilisations de l’administration sous le Consulat et l’Empire après la Révolution. 

 

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