MASERO Chloé

Les représentations de la guerre d’Indochine, construites sur la mémoire du conflit et de ses combattants, semblent donner une place singulière au corps des officiers subalternes. Dans cette « histoire », reposant en grande partie sur les témoignages de ses acteurs, l’engagement des jeunes Français qui rejoignent l’École spéciale militaire de Saint-Cyr dans un double contexte de décolonisation et de guerre froide, a pu être analysé sous le prisme, parfois fantasmé, de l’idéal et des valeurs militaires. 
Mais qu’en est-il réellement de cet engagement ? Ce projet de thèse ambitionne de questionner l’histoire d’une génération d’officiers marquée par un conflit d’un genre nouveau. La recréation de l’école des officiers de l’armée de Terre et l’adaptation (ou non) de leur formation à une nouvelle ère de combats est au cœur de nos recherches. Il s’agit d’étudier leur expérience du combat et l’instruction dispensée pour y répondre. Cette problématique, « sous- documentée » dans l’historiographie et dominée par une monoculture des sources, représente un élément central dans la compréhension de la guerre d’Indochine. Il s’agira de s’interroger sur le plan sociologique : qui sont les saint-cyriens envoyés en Indochine, quels sont leurs idéaux, leurs motivations à intégrer l’armée et à rejoindre le corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient ? À ces aspects, s’ajoutent des questionnements d’ordre tactique, voire stratégique, dans la mesure où les officiers subalternes représentent un maillon essentiel du commandement dans la conduite de la guerre, une place qui semble propre au conflit indochinois. 
Ainsi, la guerre d’Indochine est-elle vraiment une guerre de lieutenants ? Un réexamen de ces questions à la lumière des archives et d’un travail prosopographique des témoignages des acteurs de l’époque représente un défi pour l’histoire de nos armées et de l’ESM de Saint- Cyr, notamment sur le plan de son histoire et de ses traditions. La méthodologie de l’analyse et les enjeux mémoriels de ce sujet recevront à ce niveau une attention centrale.