Identités confessionnelles et de genre

Cet objet, non fermé, est susceptible d’établir des passerelles avec un projet de frontières et d'identités de l'axe 1.

Ce chantier aspire à prolonger et à fédérer les recherches portant à la fois sur les fabriques identitaires, intra comme interconfessionnelles, et les études de genre, notamment consacrées à l’histoire des femmes, des apparences et des costumes dans le domaine religieux, spécialement en terres de chrétienté occidentale et dans la longue durée (Moyen Âge à nos jours).  Il s´agit d´étudier les performances (gestes, paroles, actes, images) et productions identitaires sur un mode pluriel en se demandant ce que le genre, la confession, mais aussi d´autres éléments d´expression ou de présentation de soi (l´origine sociale et géographique, l´âge, les dispositions innées ou acquises, etc.) font au régime de la croyance, lorsque ces éléments sont mobilisés, seuls ou simultanément. Plutôt que de rechercher et analyser, comme l´ont fait beaucoup d´études, les éléments de distinction (confessionnelle, ethnique, de genre, etc.) ou de considérer l´individu ou le groupe comme un emboîtement d´identités gigognes, notre ambition est de privilégier l´étude des articulations et intersections identitaires qui mobilisent de multiples manières l´élément religieux.
Pour mieux comprendre les façons dont les acteurs pensent et se pensent dans et au-delà de leur inscription religieuse, il importe donc autant de s´intéresser aux modèles, prescriptions et traditions qui informent souvent les modalités de reconnaissances sociales et d´appartenances identitaires, qu´aux phénomènes d´écart, de distinction, de disjonction qui se font jour et remettent sans cesse en question la fixité des catégories produites par les acteurs sociaux pour lire et dire le monde qui les entoure.
L´accent pourra aussi être mis sur la transversalité des parcours individuels ou collectifs et les phénomènes de transformations ou transgressions identitaires (qu´il s´agisse des transfuges religieux, des cas d´ascension ou déchéance sociale liés aux choix religieux, des troubles ou contestations dans les assignations genrées au sein des communautés de foi, etc.).  

Toutes ces questions peuvent être abordées à des niveaux différents, individuel et collectif.  En premier lieu, si les individus ne sont pas réductibles à leur appartenance religieuse, on pourra se demander en quoi celle-ci permet à certains de construire une identité ou un positionnement social à caractère exclusif, quand elles suscitent pour d´autres un malaise, un sentiment de crise ou une difficulté á composer avec d´autres éléments d´identification de soi.
Le choix de certaines dévotions et pratiques bien marquées confessionnellement peut être révélateur d’identités avérées ou en cours d’élaboration. Au-delà de l’individu, il faut ensuite considérer la communauté, c’est-à-dire mesurer et éprouver le sentiment d’appartenance à un ou plusieurs groupes comme une affirmation identitaire. Contribue-t-elle à construire un entre-soi, un ethos de groupe fermé et donc défini par un caractère exclusif (ce que les discours, les normes des églises ou les controverses de toute espèce semblent dire) et jusqu’à quel point ? Cela interroge lorsqu’on entre dans un ordre régulier, ou qu’on s’identifie à une communauté confessionnelle, voire nationale, linguistique. De même, l’urbanité (urbanitas) repose aussi pour partie sur la prise en compte de l’histoire, des mémoires et des identités religieuses et ecclésiales. Par exemple, avoir été un foyer ligueur ou guisard pendant les Guerres de Religion en France renseigne à ce sujet.
Comment se transmettent ces identités, entre traditions innovations et (ré-)inventions de la tradition, chez les laïcs comme au sein des chapelles ou groupes constitués (les réguliers encore) ? Enfin, individus ou groupes ne peuvent être observés sans leur contextualisation au sein des sociétés, sans leur rapport aux pouvoirs constitués notamment politiques (songeons aux rivalités juridictionnelles liées aux conflits des droits).

 

Les membres du projet