Jules Crevaux et l'exploration de l'Amérique du Sud (1847-1882)

logo prix vautrin
Prix d'histoire de l'Alsace-Lorraine Paul et Georges Vautin
couverture Jules Crevaux

Le prix "Alsace-Lorraine Paul et Georges Vautrin" est un prix récompensant chaque année un travail de recherche inédit ou déjà publié portant sur l’histoire de l’Alsace-Lorraine de la fin du XIXe siècle à nos jours. Il est financé par les descendants de Paul Vautrin, maire de Metz de 1924 à 1938 et dont le fils a été tué comme officier en 1940. Le montant est de 3000 euros et il est remis lors d’une cérémonie à l’automne.

Lauréat 2023 : Francis Grandhomme "Jules Crevaux et l'exploration de l'Amérique du Sud (1847-1882)", Paris, Les Indes Savantes, 2022, 549 p.

Enseignant au lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg, Francis Grandhomme est agrégé de géographie et docteur en histoire. Il a été le premier thésard lorrain du professeur Jean El Gammal et est aujourd’hui membre associé du CRULH. Ses recherches portent sur les frontières et les conflits aux XIXe-XXIe siècles, en particulier l’Alsace-Lorraine, ainsi que sur les voyages au XIXe siècle.

L’ouvrage primé propose ainsi une analyse élargie de la signification des explorations des débuts de la IIIe République à travers la figure d’un explorateur lorrain né à Lorquin annexé par l’Allemagne en 1871. Médecin de la Marine française, Crevaux a en effet eu son heure de gloire reconnu en son temps comme un héros populaire grâce à ses récits de voyages entre 1876 et 1881 dans les Guyanes, l’Orénoque et le bassin de l’Amazone. Publiés dans Le Tour du Monde à grand renfort d’illustrations, ils font évoluer l’image de l’Amazonie d’un eldorado vers un enfer vert et inspirent Jules Verne puis Hergé, tandis que ces collections prennent place dans l’actuel musée du Quai-Branly. Il se distingue par la qualité littéraire de ses récits et l’éclectisme de ses centres d’intérêt, la géographie, mais aussi les sciences médicales, l’ethnologie ou encore la linguistique. Il est aussi célèbre grâce à Apatou, son guide indigène, le « bon sauvage », qui demande en retour à découvrir la France. Sa disparition énigmatique en avril 1882 dans le Gran Chaco, sorte de Far West sud-américain entre Bolivie, Argentine et Paraguay, sans doute massacré par des Indiens, a un immense retentissement, Crevaux bénéficiant des importants soutiens de Jules Ferry ou de Gambetta. Alsacien-Lorrain, il a en effet opté pour la France et parcours le monde, faisant toutefois de l’exploration de l’Amérique du Sud « sa chose » pour, à l’heure de la Revanche, ne pas trop détourner par des conquêtes africaines le regard de la « ligne bleue des Vosges » et faire rayonner la France par une approche de l’exploration moins colonialiste qu’humaniste.

Issu d’une thèse, l’ouvrage est aussi le fruit de rencontres, avec le professeur François Roth, les parentes de Crevaux, Damienne George et Corinne Charlot, le maire de Lorquin Jean-Pierre Jully, les anthropologues Isabelle Combès et Frédérique Longin ainsi que l’éditeur Frédéric Mantienne.