Pierre-Etienne Flandin ou un centrisme impossible
Thèse d'Étienne Paquin soutenue en 2016 sous la direction d'Olivier Dard
Pierre-Étienne Flandin (1889-1958), un des hommes politiques majeurs de l’histoire de la Troisième République et des débuts de Vichy, n’a suscité jusqu’à ce jour aucune biographie. C’est chose faite avec ce très riche travail d’Étienne Paquin, issu d’une thèse de doctorat en histoire fondée sur de très nombreuses archives dont les substantiels papiers Flandin.
Il est ainsi possible de suivre un parcours politique impressionnant qui débute en 1914 lorsque jeune avocat il est élu, pour la première fois, député de l’Yonne. Flandin siège au Parlement six législatures durant jusqu’à la fin de la Troisième République. Il soigne aussi son ancrage local en devenant maire de Domecy et conseiller général de Vézelay. Flandin marque ainsi de son empreinte la vie politique de son département, l’Yonne. Et c’est bien l’importance de ses réseaux locaux, ses liens avec l’administration préfectorale, sa présence inlassable sur le terrain qui font de sa circonscription un fief inexpugnable. Durant l’entre-deux-guerres, Flandin acquiert aussi une stature nationale. Dirigeant de l’Alliance démocratique, hostile à une division binaire gauche-droite porteuse selon lui de tensions nuisibles à l’unité nationale, il travaille sans relâche à la création d’une grande majorité de Concentration réunissant centre droit, avec l’Alliance démocratique, et centre gauche avec les radicaux-socialistes. Il assume aussi de nombreuses fonctions ministérielles avant d’accéder, en novembre 1934, à la présidence du Conseil qu’il installe à l’Hôtel Matignon. À ce poste qu’il occupe jusqu’en mai 1935 Flandin est à l’apogée de sa carrière politique. Opposant au Front populaire, il est également pacifiste et ostensiblement munichois. Présent à Vichy en juillet 194O, il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain puis se retire dans l’Yonne. Il se retrouve cependant au coeur de l’État français quelques mois plus tard pour succéder à Pierre Laval. Cet « intermède Flandin », qui s’achève au début de février 1941, jette définitivement une ombre sur sa carrière politique et lui interdit tout retour sur la scène nationale sous la Quatrième République : il ne parvient à se faire réélire que conseiller général de l’Yonne. C’est un échec pour un homme qui a voué sa vie à la politique mais cette marginalisation ne saurait faire oublier son poids dans la vie politique du pays et de son département des décennies durant.
Étienne Paquin, né en 1945, agrégé d’Histoire, a enseigné en classes préparatoires au lycée Poincaré à Nancy, d’abord dans celles préparant à l’École militaire de Saint-Cyr, puis en Lettres et Première supérieures. Il a soutenu en 2016 une thèse de doctorat consacrée à la carrière politique de Pierre-Étienne Flandin, thèse dont ce présent ouvrage est tiré. Il porte désormais son intérêt sur Étienne Flandin, père de Pierre-Étienne, député, sénateur de l’Inde, Résident général en Tunisie, très lié aux milieux coloniaux.