Antoine Léger l'Anthropophage. Une histoire des lectures de la cruauté (1824-1903)
Laurence Guignard
Éditeur : Editions Jérôme Millon
Le 10 août 1824, près de La Ferté-Alais (Essonne), Constance Debully, âgée de douze ans et demi, partie pour aller ébourgeonner des plans de vigne, a disparu. On découvre quelques jours plus tard son cadavre soigneusement dissimulé dans la "grotte de la Charbonnière". Antoine Léger est vite retrouvé et reconnu coupable du meurtre et du viol de la petite fille, dont il avait dévoré une partie du cadavre et bu le sang. Après un procès à huis clos à la Cour d'assises de Versailles, Léger, devenu "loup-garou", est condamné à la guillotine, sans montrer la moindre émotion. Le cas d'Antoine Léger puise dans l'horreur sa lumière sombre, susceptible d'éclairer une histoire de ce que l'on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d'Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l'on scrute l'intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l'affaire, qui défend l'idée d'un acte fou, jusqu'à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu'il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l'étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l'histoire de la psychiatrie.