Marie de Guise (1515-1560), un itinéraire européen, de Bar-le-Duc à Reims
Marie de Guise occupe une place historique qui, sans être centrale, se trouve au cœur des bouleversements politiques et religieux de l’Europe du XVIe siècle. Sa vie met en lumière les fractures épistémologiques de la première modernité, entre un âge finissant et de nouveaux types de représentation. Elle participe à la politique européenne sous l’influence de ses frères François et Charles de Lorraine-Guise en devenant un élément primordial de la politique d’expansion de la famille de Guise. Se retrouvant reine dans un pays qui n’est pas le sien, l’Écosse, elle est confrontée au développement du protestantisme alors qu’elle est issue d’une des familles catholiques les plus puissantes d’Europe.
Née à Bar-le-Duc et d’abord destinée à la vie religieuse, Marie de Guise, sans doute sous l’influence de son père Claude (ou de son oncle Antoine), épouse Louis d’Orléans, duc de Longueville, mariage qui permet à la famille de Guise un rapprochement avec le pouvoir royal. Marie de Guise passe du couvent à la cour de France. Après la mort du duc, elle épouse le roi d’Écosse Jacques V et devient le lien qui unit France et Écosse, cette alliance ayant déjà été présente pendant la guerre de Cent ans, face à la couronne anglaise. Elle effectue ensuite un séjour en France (1550-1551), avant de retourner en Écosse où elle meurt. Son corps revient en France puisqu’elle est enterrée à Reims en 1560.
Il s’agira, au cours de ce colloque organisé en deux journées, de tracer l’itinéraire d’une femme ancrée dans une réalité historique régionale, mais aussi dans l’histoire des bouleversements politiques et religieux de l’Europe du XVIe siècle. Le colloque s’adresse aux spécialistes d’histoire, d’histoire de l’art et de littérature, ou à tout chercheur s’intéressant à la culture matérielle, politique, religieuse et sociale de cette période et aux représentations de Marie de Guise.
La première journée du colloque, qui a eu lieu à Bar-le-Duc, s'est concentrée sur l’entourage de cette famille qui connaît un processus d’ascension avec la victoire de Nancy sur Charles le Téméraire en 1477, et en 1484 quand le duc René II devient duc de l’ancienne maison rivale de Bar. Cette union personnelle permet d’entrer dans le jeu diplomatique européen, et cette région devient stratégique au moment où se dessine une nouvelle frontière entre les espaces catholiques et protestants. Antoine et Claude ‒ le père de Marie ‒ font le choix d’un catholicisme intransigeant en étant victorieux des paysans allemands et protestants en 1525 à Saverne. La Lorraine devient un État ultracatholique où le protestantisme n’est pas toléré, et la branche cadette des Guise reprend cette politique lors de son installation en France. Un axe d’étude important était celui de l’éducation humaniste de Marie pendant ses années lorraines, et comment lui est inculqué cette distance avec la religion réformée.