Echanges, passages et transferts à la cour du duc Léopold (1698-1729)

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Colloque/Journée d'étude
Lunéville
Affiche échanges

Sous les ondes de choc que traverse la Lorraine au XVIIe siècle (1633-1697) le lien entre territoire, État et cour ducale se brise brutalement : l’occupation française à partir de 1633 ainsi que la guerre de Trente Ans ont provoqué l’exil du duc et l’essaimage des élites nobiliaires à travers l’Europe. Il faut attendre la paix de Ryswick (1697) et le retour du duc Léopold à la tête de son héritage patrimonial pour voir revivre une cour, aussitôt arrimée à l’État princier renaissant. Soucieux de compter sur la scène politique européenne, le jeune souverain dote son territoire de structures gouvernementales et administratives mieux adaptées à ses ambitions, et plus en phase avec son époque. Comme dans les grandes monarchies voisines la cour fait partie de l’appareil d’État au même titre que les conseils. L’accueil de personnes de qualité, de manière temporaire ou définitive, dans une cour installée à Lunéville à partir de 1702 participe aux « stratégies de la gloire » déployées par le duc Léopold et témoignent de la force d’attraction de ce microcosme animé par les plus grands noms de la noblesse lorraine.

Dans toutes les monarchies européennes, les milieux curiaux s’internationalisent à partir du XVIIe siècle, mais cette tendance est encore plus marquée dans cet État des confins qui s’est construit dans l’altérité : ici, la présence française et l’expérience de l’exil ont forcé les rencontres avec l’autre. Dirigés par des princes, éduqués la plupart du temps dans les cours étrangères, et vivant le plus souvent au-delà des frontières au XVIIe siècle, les duchés forment depuis le XVe siècle une interzone façonnée par des forces extérieures.

La situation limitrophe de la Lorraine est en effet propice aux interconnexions, aux transferts de personnes, d’objets et d’idées, dont la cour, lieu de communication par excellence entre les élites, offre un observatoire pertinent. Ces journées d’études voudraient montrer les différentes facettes du mélange des cultures lié à la (re)formation d’une cour (moins étudiée que celle qui lui succède avec l’avènement de Stanislas) après une éclipse de près d’un demi-siècle : présences étrangères, apports extérieurs dans la sociabilité de cour, dans l’organisation de la Maison, dans le domaine artistique…, modalités et agents des échanges, sont quelques uns des aspects à explorer afin de mesurer le degré d’ouverture du milieu curial lorrain.

À l’heure où les sociétés européennes étaient encore tiraillées entre enracinement et détachement, le cosmopolitisme annonçant l’avènement des Lumières avait-il gagné les élites lorraines ?