La radicalité en politique des années 1980 à nos jours

image politique
Colloque/Journée d'étude
Metz
affiche radicalité

Le monde politique français semble marqué sur le temps long par une tendance globale à la pacification des discours et des pratiques militantes. Déjà repérable dans les années 1960 par rapport à la décennie précédente, cette évolution devient évidente à partir des années 1980 dont les tensions politiques restent dérisoires comparées aux niveaux atteints durant les années 1968. Effacement progressif des grands clivages idéologiques porteurs de radicalités militantes, contextes internationaux perdant leur bipolarité, effet émollient des progrès éducatifs et de l’individualisation des rapports sociaux, influence d’une nouvelle communication politique marquée par le déclin des meetings et la mise à distance de l’autre par la télévision et bientôt Internet, tout semble se conjuguer pour faire refluer la violence dans l’arène politique. Celle des mots, avec un discours de plus en plus lissé qui récuse l’invective et l’insulte, celle surtout des gestes, avec le rejet et la dévalorisation croissante du recours aux coups et a fortiori aux armes. Alors que pendant longtemps, la conviction politique s’exprimait et se mesurait aussi à la vigueur d’un engagement physique, associant celui-ci au capital physique et à des normes androcentrées, le militantisme dans nos sociétés démocratiques semble désormais exclure cette radicalité de l’affrontement physique débouchant sur la blessure et parfois la mort.
Pourtant, sans aller jusqu’à cette forme ultime de la violence politique que représente le terrorisme, régulièrement les médias se font l’écho d’une violence militante persistante en France. La récente affaire Clément Méric est là pour le rappeler, tout comme les images de manifestations où interviennent les Black Blocs. A l’extrême droite ou gauche la pratique de la violence paraît dorénavant plus affaire de réseaux que d’organisations, avec un rapport encore fort à la violence physique en tant que style politique, légitimée dans le discours, de façon édulcorée toutefois, et parfois valorisée dans la pratique militante même si celle-ci semble avoir une visée essentiellement expressive.
Comment interpréter la persistance de ces phénomènes, certes résiduels, au regard de la tendance à la pacification des mœurs militantes ? Le caractère à la fois très marginal et, pour l’heure, modéré/mesuré des violences traduit-il la force du procès de civilisation y compris auprès des groupes radicaux ou doit-on y voir une mise en sommeil strictement instrumentale et donc potentiellement passagère dans une période globalement atone en conflits sociaux ? Cette question centrale de la journée d’études s’articulera en 2 axes :
- Le premier s’interrogera sur les contraintes nouvelles auxquelles doivent faire face tous les militantismes, a fortiori les plus radicaux, qui viennent élever les coûts et les risques liés de l’engagement, comme l’extension de la catégorie terrorisme, les transformations à l’œuvre dans le maintien de l’ordre ou encore le traitement judiciaire des conflits ;
- Le second remettra sur le chantier la question délaissée de la place de l’idéologie tant il est vrai que, depuis la mise en accusation du marxisme et du léninisme à partir de la fin des années 1970 et ce jusqu’à l’émergence de l’Islam radical, le recours à la violence contre les personnes semble (sous réserve d’inventaire qu’il s’agira justement d’éprouver) dépourvu de légitimation théorique.

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