1866. Une querelle d'Allemands ? Perceptions croisées et mémoires d'un moment clé

image guerre
Colloque/Journée d'étude
Nancy
Affiche 1866

De juin à août 1866 une guerre fratricide (Deutscher Krieg ou Deutscher Bruderkrieg) oppose l’Empire d’Autriche, suivi par une grande partie de la Confédération germanique (dont les royaumes de Saxe, de Wurtemberg, de Hanovre, de Bavière, le grand-duché de Bade) au royaume de Prusse, allié à une quinzaine de petits États allemands (dont le grand-duché d’OIdenbourg) et au royaume d’Italie.

Après la reculade d’Olmutz, en novembre 1850 - où elle a dû entériner l’hégémonie autrichienne sur l’ensemble germanique -, la Prusse n’a eu de cesse de se préparer à la revanche. Désirant réaliser à son profit l’Unité allemande sous la forme de la « Petite Allemagne », elle a mené avec l’Autriche la guerre des duchés contre le Danemark de janvier à octobre 1864, avant de se retourner contre l’Empire des Habsbourg et de le vaincre très rapidement. Étape décisive de l’unification de l’Allemagne, parachevée par la guerre contre la France en 1870, le conflit de 1866 est lourd de conséquences pour la suite de l’histoire européenne. On le présente souvent comme le triomphe d’une Allemagne protestante marquée par le militarisme et l’autoritarisme de la Prusse – agressive et expansionniste, ce qui remet en cause l’équilibre européen - contre une germanité méridionale catholique censée davantage cultiver le goût des arts que celui des armes. Cette vision simpliste a cependant fait l’objet de multiples révisions.
En même temps, ce conflit forme une partie intégrante du processus d’unification de l’Italie – qui y gagne la Vénétie – et il est contemporain de l’accession au trône de Roumanie de Karl de Hohenzollern-Sigmaringen (Carol Ier), ce qui permet à la Prusse d’acquérir – en raison de l’aveuglement de Napoléon III – une zone d’influence dans les Balkans.
Cent cinquante ans après cette « guerre de Sept semaines » (Siebenwöchiger Krieg) ce colloque entend présenter un point historiographique sur le sujet dans un esprit résolument comparatiste. Après avoir retracé brièvement les faits, on s’intéressera à la perception des événements par les puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Russie, Belgique, Luxembourg, Danemark, Suisse) et extra-européennes (Canada, États-Unis, Japon), ainsi qu’à ses multiples conséquences proches ou lointaines, dont la mise en place du dualisme au sein de l’Empire des Habsbourg est la plus connue. On verra enfin quelle est la mémoire de cette guerre jusqu’à aujourd’hui par le biais des monuments commémoratifs, expositions, publications, cérémonies qui balisent dans les espaces allemand et centre-européen le siècle et demi qui nous sépare de 1866.