Aux origines d'une diplomatie méditerranéenne. Les ambassadeurs, moyens humains de la diplomatie (Antiquité romaine et Haut Moyen Age)
Depuis la République, les Romains n’envisagent en Occident les relations diplomatiques que dans le cadre de leur domination, imposant de façon hégémonique leurs normes tout en se posant comme les maîtres d’un jeu diplomatique unilatéral. Dès la période républicaine, les modalités diplomatiques ne sont pas des normes rigides mais des codes avec lesquels il est possible pour les Romains de jouer pour atteindre un but diplomatique. Par la suite, pendant l’Empire, cette idéologie d’un contrôle romain et d’une mainmise permanente sur les relations diplomatiques persiste. Mais à partir du Ve siècle, la situation politique en Occident se modifie considérablement car la présence des barbares dans l’Empire d’Occident est subie et désormais l’Empire romain doit composer avec des contraintes militaires sur son propre sol. Le passage d’un équilibre unipolaire à un équilibre multipolaire très précaire avec l’affirmation de nouveaux centres de décisions politiques (Carthage, Toulouse, Lyon…) modifie les conditions d’exercice de l’activité diplomatique. Avec la reconnaissance de facto puis de iure de l’indépendance des royaumes wisigoth, burgonde puis ostrogoth, et l’affirmation du royaume franc, s’ouvre une nouvelle époque où l’empire romain d’Orient n’est plus qu’un interlocuteur parmi d’autres. Et si pendant la période républicaine, et jusqu’à la fin du IVe siècle apr. J.C., Rome impose son hégémonie politique, à partir du Ve siècle, dans un espace européen et méditerranéen désormais multipolaire, la diplomatie n’est plus affaire d’hégémonie mais de négociations. Avant cette période, Rome l’avait progressivement appris au contact de ses voisins orientaux perses ; cette tradition de négociation se poursuit depuis le nouvelle Rome, à partir du VIIe siècle, avec les conquérants arabo-musulmans, alors que de turbulents voisins redistribuent aussi la donne géopolitique sur les marges septentrionales de ce qui devient l’Empire byzantin.
L’objectif de ce colloque est d’étudier l’évolution des modalités des contacts diplomatiques dans le monde méditerranéen ancien et médiéval, principalement romain puis byzantin, non pas à partir d’une approche technique mais en envisageant comme centrale la place de l’ambassadeur dans la diplomatie. En effet, quelles que soient les époques, c’est bien lui qui s’est toujours trouvé concrètement confronté à la réalité de l’exercice diplomatique. Étudier les modalités diplomatiques sous l’angle de l’anthropologie historique, c’est avant tout essayer de mettre en lumière les raisons des évolutions pratiques de la diplomatie. Cette approche anthropologique autour de la figure de l’ambassadeur induit certaines thématiques : la question du choix de l’ambassadeur, de sa prise en charge concrète, de son inviolabilité, de son rôle dans le déroulement des négociations.