CIAMCOMM

Corpus des inscriptions antiques du Musée de la Cour d’Or, Metz-Métropole

Responsable scientifique du projet :
Audrey Becker (CRULH, maîtresse de conférences HDR en Histoire romaine)

Participants :
Philippe Brunella (Musée de la Cour d’Or, directeur / Metz-Métropole, conservateur en chef du patrimoine)
Hervé Huntzinger (Hiscant, maître de conférences en histoire romaine)
Julien Trapp (Crulh, chercheur associé / Musée de la Cour d’Or, assistant principal de conservation du patrimoine)

1.    Les Médiomatriques dans l’Empire romain, une identité en re/construction ?

Le but premier de ce projet est d’étudier comment se re/construit une société après avoir été soumise militairement et être ainsi passée sous la dépendance politique de son vainqueur. À partir de l’étude des sources épigraphiques, c’est la question de la re/construction politique, sociale, économique ou encore religieuse qui est au cœur de cette étude. Quelles ont été les conséquences de l’entrée des Médiomatriques dans l’Empire romain ? À quel point cette société s’est-elle romanisée ?  Il s’agit ici d’étudier ces questions à partir de sources endogènes (dans notre cas épigraphiques) pour comprendre comment cette société elle-même a repensé son identité. 

2.    Présentation générale du corpus épigraphique

Parmi les collections archéologiques gallo-romaines du Musée de la Cour d’Or de Metz-Métropole se trouve en particulier une riche collection d’inscriptions sur pierre découvertes, pour certaines, au XVIe siècle, pour les plus récentes lors de la construction d’un centre commercial dans le cœur historique de la ville de Metz dans les années 1970 (1) . Alors que dès le XIXe siècle, l’archéologie est l’objet d’un véritable engouement de la part de la bourgeoisie messine, le Musée de la Cour d’Or, créé en 1841, devient le lieu naturel où la plupart des découvertes archéologiques locales sont déposées. Après l’annexion allemande, les travaux d’urbanisme menés dans Metz par les nouvelles autorités politiques sont l’occasion de nombreuses découvertes archéologiques. C’est ainsi, par exemple, qu’un lot de plus d’une centaine d’inscriptions funéraires est découvert entre la rue de la Horgne et la rue des Dames dans le quartier du Sablon en 1903. Dans l’entre-deux-guerres, ce sont les thermes antiques de Metz qui sont fouillés sur le site même du Musée de la Cour d’Or. Pendant la seconde Annexion, les autorités nazies mettent l’accent, pour des raisons de propagande sur les fouilles de sites « germaniques » (nécropole mérovingienne d’Ennery, basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains où est découvert un chancel). Dans la seconde moitié du XXe siècle, les travaux de construction dans le cœur même de Metz d’un centre commercial est l’occasion de mettre au jour des vestiges antiques dont plusieurs dizaines de stèles funéraires qui rejoignent à leur tour le Musée de la Cour d’Or. 
C’est donc une collection de premier plan pour l’histoire de la Gaule romaine qui s’est construite sur plus d’un siècle et demi de fouilles menées tour à tour par les autorités allemandes et françaises. Pourtant, si des études ont été menées ponctuellement sur tels ou tels aspects de cette collection, aucune, à ce jour, n’a eu l’ambition de publier un catalogue épigraphique exhaustif de cette collection (2) . C’est ce manque que notre projet de recherche ambitionne de combler. Cela est devenu d’autant plus nécessaire que les travaux menés récemment dans les réserves du musée ont permis d’exhumer plus de 200 blocs (portant des inscriptions pour un grand nombre d’entre eux) dont certains, entrés au début du XXe siècle dans les collections du musée si l’on en croit les inventaires, n’ont jamais été photographiés. Il s’agit donc d’une collection épigraphique qui compte plus de 350 inscriptions. Tous ces blocs inscrits ont bénéficié d’une couverture photographique complète avant d’être envoyés pour les uns à la Maison de l’Archéologie de Metz-Métropole, pour les autres dans les nouvelles réserves du musée sur le Plateau de Frescaty (ancienne base aérienne de Frescaty). 

3.    Objectifs : Des productions scientifiques de quatre types : 

- la publication d’un catalogue analytique et exhaustif de la collection des inscriptions sur pierre s’adressant à la communauté scientifique nationale et internationale. Ce catalogue comportera une analyse détaillée de l’ensemble des inscriptions. Le nombre d’inscriptions référencées à ce jour est de 341. Ce chiffre est susceptible d’augmenter encore au fur et à mesure de l’avancée du dépouillement de la couverture photographiques des pièces mises à jour lors du transfert des réserves du musée vers la Maison de l’Archéologie et vers le site de l’ancienne base aérienne de Frescaty.

- la publication d’une monographie scientifique s’appuyant sur une étude systématique et exhaustive du corpus épigraphique du point de vue de l’histoire sociale. 

- Une série de publications d’ouvrages de vulgarisation scientifique à destination du grand public (visiteurs du Musée, public intéressé par l’archéologie locale, public scolaire) publiées dans les différentes collections du musée.

- la déclinaison informatique en open access du catalogue analytique par le biais d’une base de données photographique de l’ensemble de ces inscriptions ainsi que de leurs commentaires épigraphiques et historiques, leur donnant une visibilité accrue permettant de toucher un très large public. La valorisation de cette base de données sera optimale grâce à l’emploi de métadonnées formatées selon les meilleurs standards internationaux (XMLTEI et Dublin Core). Cette mise en ligne, en français et en anglais, permettra une diffusion à l’échelle internationale de ces inscriptions.

Une convention entre le musée de la Cour d’Or et l’Université de Lorraine vient encadrer ces objectifs scientifiques. Cette convention participe d’une volonté commune de chercheurs de l’Université de Lorraine et des conservateurs du musée de mettre en valeur le patrimoine archéologique régional tout en développant le lien entre l’université, les institutions culturelles locales et les collectivités territoriales régionales. 
 

 

(1) Sur l’histoire des collections du Musée de la Cour d’OR -Metz Métropole, voir en dernier lieu J. Trapp, L’archéologie à Metz. Des antiquaires à l’archéologie préventive, 1750-2008 (PUR : Rennes), 2015.

(2) À cet égard, on notera les multiples articles de J. M. Demarolle parmi lesquels on peut citer « Contribution au corpus des “ scènes de métier” en Gaule de l’Est : un monument funéraire de Metz inédit », BSAF, 305-308. ; « Un corpus en question, l’iconographie lapidaire des métiers en Gaule Belgique », in M. Polfer (éd.), L’artisanat romain, évolutions, continuités, ruptures (Italie et provinces occidentales) (Mergoil : Montagnac), 31-42 ; « Des hommes et des noms à Dividurum/Metz : de nouveaux porteurs de tria nomina », in P. Delfosse (éd.), Hommages à Carl Deroux, III, Histoire et épigraphie, (Latomus : Bruxelles), 168-186. Voir également Freigang Y., « Die Gräbmäler der gallo-römischen Kultur im Moselland », Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, 44/vol.1, 1997, 177-460. 
 

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