Cette thèse propose d’éclairer un aspect encore trop méconnu de l’occupation allemande en Lorraine, celui du travail forcé. Nous étudions ici le sort de ces prisonniers de guerre slaves, polonais, yougoslaves et soviétiques, tombés aux mains des Allemands et qui furent internés en Lorraine durant le conflit de 1940 à 1945, aussi bien en Moselle annexée que dans les départements qui sont restés français. Notre objet d’étude se porte également sur le rôle des travailleurs forcés, ces civils, hommes et femmes d’Europe de l’Est, Ukrainiens, Biélorusses, Russes et Polonais, véritable main d’oeuvre servile et corvéable à souhait aux yeux des dignitaires allemands, réquisitionnés par le Reich pour soutenir l’effort de guerre allemand et pallier le manque de travailleurs en Allemagne et dans les territoires conquis par le Reich comme la Lorraine. Il s’agira de voir leur nombre, leur rôle dans l’économie locale et l’effort de guerre allemand, leurs conditions de vie, le traitement spécifique réservé à chaque nationalité, leurs destins croisés ou distincts, leur résistance et les traces que ces hommes et femmes ont pu laisser et qui tombent dans l’oubli. Outre l’aspect historique, la question de la mémoire, de plus en plus omniprésente dans notre société, sera mobilisée pour mettre en lumière les enjeux mémoriels et politiques qu’elle peut contenir.