Le château fort en image et l'image du château fort (1882-1960). Recherche sur un mythe et sa formation

PERIN-MICHAUX Marie-Thérèse
Date de soutenance
Membres du jury CRULH
Membres du jury hors CRULH
AMALVI Christian
LE MEN Ségolène
CHANTE Alain
GIULIATO Gérard

Le château fort imprègne profondément dès l'enfance l'imaginaire de nos contemporains. Le phénomène est massif et déjà ancien comme l'attestent les 418 images de châteaux forts proposées de 1882 à 1960, dans les publications pour la jeunesse, destinées à l'usage scolaire ou dans le cadre familial et qui servent de base à cette étude. L'activité éditoriale reflétant les choix de société, il s'agit alors de comprendre comment s'élaborent, durant l'enfance, la connaissance et le mythe du château fort au travers de ses diverses représentations iconiques, textuelles ou par le jouet-château.

A partir de l'exploitation de ce vaste corpus, la thèse met en exergue les fondements de la connaissance du château fort qui prédominent en tous supports scolaires ou de loisirs : les références scientifiques aux travaux de Viollet-le-Duc, omniprésentes jusqu'en 1960. Ce souci d'appui sur les valeurs scientifiques reconnues nourrit les objectifs de la société de la fin du XIXe et du XXe s. qui, par ce choix déterminé, souhaite donner le meilleur à la formation de la jeunesse.

Par ailleurs, l'étude des images en interaction avec l'écrit montre que les idées reçues, telle que l'huile bouillante et les oubliettes, font partie à la fois des connaissances acquises et des micro-mythes. Ces stéréotypes stimulant l'imaginaire de toutes générations, l'étude suivante analyse les émotions qui surgissent dans l'activité de réception des représentations mais aussi celles que l'enfant lecteur ou joueur : peur de la privation de liberté ou de lumière, peur de l'enfermement, en somme peur de la mort, cette inconnue. On rejoins là les mythes fondateurs de l'humanité.

Grâce à l'analyse des manuels et des ouvrages de jeunesse, il apparaît que le château fort est aussi une construction politique instrumentalisée pour l'éducation morale et religieuse de la jeunesse, voire celle différenciée des garçons et des filles. Mais c'est le recours au neurosciences qui permet de comprendre les processus neuronaux mis en jeu à propos du château fort, dans l'activité perceptive et sensible du jeune lecteur ou joueur mais aussi dans son activité motrice engageant la corporalité.

Dans cette perspective, quel est le véritable enjeu de la restauration des châteaux forts ou même de la construction à l'identique du château du XIIIe siècle, Guédelon : préservation du passé ou plongée concrète dans l'imaginanire du château fort à l'échelle réelle ?