Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les trois départements français de l’est – c’est-à-dire les deux départements rhénans et la Moselle ont, au mépris des droits internationaux, été annexés par le Troisième Reich. Des hommes et des femmes ont fui l’embrigadement et l’idéologie nazie, le service de travail et l’incorporation. Pour des raisons de proximité, un certain nombre d’entre eux se sont dirigés vers la Suisse. Mais d’autres générations avaient fait cette démarche avant eux : au cours de la guerre de 1870 déjà, des Alsaciens et des Lorrains fuient devant les armées allemandes. La Grande Guerre ensuite voit arriver en Suisse des civils alsaciens-lorrains, des réfractaires, des déserteurs et des prisonniers. Sur la base de ces constats, cette recherche prend une nouvelle tournure : il ne s’agit plus seulement de décrire la fuite et la demande d’asile de ces hommes et de ces femmes à travers leurs témoignages et les nombreuses traces conservées dans les archives. D’autres questions se posent : celle de la permanence ou de l’évolution des accueils au cours des trois guerres franco-allemandes : celle des rapports et des tensions entre les réfugiés et la Suisse, également impliqués dans l’Histoire en train de s’écrire au cours de cette période longue.