Résumé
Textes réunis par Anne-Elisabeth Spica
L’Europe politique de la première Modernité s’est écrite largement sur la représentation obsédante de la majesté symbolique des souverains, à travers une inflation spectaculaire des cérémonies publiques, temporelles et sacrées, destinées à théâtraliser autant qu’à légitimer. Diplomatie et communication d’État lors des mariages ou des pompes funèbres, apothéose glorieuse des vertus du souverain au cœur de la ville, positionnements singuliers d’une famille ou d’une cité sur un plus vaste échiquier, affirmation d’une toute-puissance géopolitique à l’aube ou à la fin d’une conquête territoriale et/ou spirituelle lors des conflits religieux ou à l’occasion des fêtes de canonisation, les manifestations festives d’Ancien Régime instruisent en profondeur une communauté en construisant ses lieux de mémoire collective.
Les communications ici rassemblées sont consacrées aux fêtes et cérémonies dans l’espace lorrain de cette période, au moment où il fut un des lieux les plus productifs en matière d’emblématique et de pensée allégorique, en même temps qu’une des cours francophones où la vie artistique et culturelle a acquis une ampleur remarquable. S’y joue la constitution d’une identité symbolique en contact avec d’autres lieux forts de pouvoir politique-chrétien, à travers l’invention, le réemploi, l’échange des lieux communs visuels contemporains.