Sacres et couronnements dans l'Occident chrétien : rite, état et société, du Moyen Age à nos jours
Les sacres en tant que rites de passage ont joué un grand rôle dans les relations entre les hommes, dans les sociétés tournées vers le monde divin, où le souverain peut intervenir dans la nature en guérissant ses sujets par des miracles, comme en France ou en Angleterre. L’évolution des sacres marque le passage des religions héritées aux religions prescrites, puis aux religions intériorisées où la laïcité se répand, suivant en cela le schéma du philosophe Marcel Gauchet (Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, 1985).
L’étude des sacres jouit d’un renouveau d’intérêt. En 2016, à l’occasion du 1200e anniversaire du premier sacre à Reims, celui de Louis le Pieux, une manifestation est organisée sur cette cérémonie par Sylvie Joye, et un ouvrage paraît sur le sacre en France (P. Demouy, 2016). L’année suivante, une manifestation est organisée sur les sacres à Reims (B. Maes et P. Demouy, 2017). Du reste, on trouve le même phénomène dans d’autres pays, comme en Allemagne (Gerd Althoff, Die Macht der Rituale. Symbolik und Herrschaft im Mittelalter, 2003, ou Stefan Weinfurter/ Marion Steinicke (dirs.), Krönungs- und Investiturrituale. Herrschaftseinsetzungen im kulturellen Vergleich, 2005). De manière plus globale, cette manifestation scientifique permet de revisiter les liens qu’entretiennent les rites avec la société et l’État.
Le sacre, ou le couronnement quand le roi n’est pas oint de l’huile sainte, est un rite de passage permettant au souverain d’exercer à son avènement un pouvoir pleinement légitime, dans un espace-temps comprenant l’Occident chrétien du Moyen Âge à nos jours. Il faut cependant ajouter la royauté israélienne de laquelle le monde judéo-chrétien tire exemple, bien représentée sur la façade de la cathédrale de Reims avec le combat de David et de Goliath. Par ailleurs, des régions longtemps indépendantes (Bretagne, Lorraine…) retiennent notre attention, et il existe pour elles des rites spécifiques. Ces cérémonies appartiennent aux « rites de passage », où A. van Gennep distingue trois étapes : les rites préliminaires quand le souverain quitte le monde extérieur (la nuit au palais des archevêques de Reims), les rites liminaires quand il entre dans son nouvel état (onction, couronnement, remise des insignes royaux…), et les rites post-liminaires (la grand-messe et le festin).
Colloque organisé avec la participation de l'Institut François Gény.