La commande artistique des frères Jean et Ferry Carondelet, prélats de la Renaissance

Directeur / directrice de thèse
Date de soutenance
Membres du jury CRULH
Membres du jury hors CRULH
BARDATI Flaminia
DE JONGE Krista
GUILLOUET Jean-Marie
CURIE Pierre
Lieu de la soutenance
"Salle A 104, Campus Lettres et sciences humaines à Nancy

Jean (1469-1544) et Ferry (1473-1528) Carondelet sont issus d’une famille élevée par le service des ducs de Bourgogne. Jean est chef du Conseil privé des Pays-Bas et archevêque de Palerme. Ferry, après une ambassade prometteuse à Rome, se retire de la vie publique dans ses bénéfices ecclésiastiques. Ils ont commandé de nombreuses oeuvres d’art, parfois aux meilleurs artistes de leur temps (Sebastiano del Piombo, Jan Gossart, Fra Bartolomeo). Cette thèse apporte de nouveaux éléments sur les Carondelet, mais aussi un nouvel éclairage sur les conditions de la commande artistique chez les grands prélats néerlandais de la première moitié du XVIe siècle. Le corpus de trente-cinq numéros prend en compte toutes les oeuvres connues, même les moins prestigieuses ou celles qui ont disparu. Leur analyse (matérielle, archivistique, bibliographique et la proposition de reconstitutions) dialogue avec les notices biographiques mises à jour des deux prélats et s’articule autour de trois axes : les commandes passées dans le contexte de la cour, les portraits et les relations des commanditaires à leurs bénéfices ecclésiastiques. Nous avons apporté beaucoup à la connaissance de la commande artistique des Carondelet. Certaines oeuvres ont été découvertes, d’autres déjà connues ont été imputées à leur commande et nous avons pu proposer plusieurs nouvelles attributions décisives à des artistes. Mais surtout, la thèse montre la diversité des modalités de commande artistique au début du XVIe siècle. Les parcours personnels et politiques des deux prélats conditionnent et relativisent l’importance des motivations de la commande avancées traditionnellement – recherche du Salut, glorification du nom familial, délectation personnelle. Ainsi, la proximité de la cour de Malines et de Bruxelles modèle puissamment la commande Jean, à l’inverse de celle de Ferry. L’évolution du goût au tournant du XVIe siècle se manifeste différemment chez les deux frères pour les mêmes raisons : Jean paraît s’attacher longtemps au potentiel légitimant et respectable de la tradition gothique, tandis que Ferry s’enthousiasme très tôt pour l’art de la Renaissance, probablement pour ses connotations romaines et sa valorisation au sein de l’élite humaniste. Par ailleurs, les prélats sont impliqués à divers niveaux dans la commande artistique : ils peuvent en être directement à l’origine ou seulement les médiateurs, se contenter de financer, laisser la charge à leurs exécuteurs testamentaires, voire profiter indirectement de celle des autres. Tous ces moyens convergent finalement vers un seul but, assurer à leur nom une gloire éternelle.