Mon sujet de thèse est la biographie d'un personnage historique, le comte Jean de Bertier (1877-1926). Issu de la noblesse, ayant dans la tradition familiale embrassé la carrière militaire, il s’engagea aussi en politique. De plus, il continua la réorientation du patrimoine familial de la possession foncière vers l'activité sidérurgique. Il se trouve ainsi à la croisée des domaines militaire, politique, économique et industriel.
Le thème de la frontière en général et sa dimension franco-allemande en particulier sont un point central de mon travail. Jean de Bertier investissait au-delà de la frontière, au Luxembourg. En outre, la cession de l'Alsace-Lorraine en 1871 avait déplacé la frontière et placé le château familial de Lagrange en terre allemande, si bien que Jean de Bertier le vendit en 1912. En 1919, la frontière recula: il le racheta. Il se lança alors en politique et s’intéressa particulièrement aux modalités de réintégration de l'Alsace-Lorraine dans la France. Bref, on le comprend, Jean de Bertier fut un praticien de la frontière, un dépasseur, un réparateur de(s) frontière(s) à une époque précédant leur ouverture dans le cadre de la coopération européenne.
Mes sources principales sont les archives privées de la famille de Selancy, toujours conservées au château de Lagrange à Manom (Moselle). Le statut d'homme de la frontière de Jean de Bertier a motivé la mise en place d'une cotutelle entre les universités de Lorraine (François Audigier) et du Luxembourg (Denis Scuto).