Après le conflit, un monde nouveau ? Reconstruction, pacification et renouveau dans les sociétés d'après-guerre (Antiquité à nos jours)

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Universités d'hiver
Saint-Mihiel
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Les conflits, qu’ils soient armés ou non, constituent bien souvent des césures, entérinées par des accords de trêve ou de paix, après lesquelles il faut procéder à de nécessaires pacifications et reconstructions. Faire la paix ou accepter un armistice, une trêve, est déjà en soi un pas vers la reconstruction de sociétés, de groupes ou d’individus marqués par les stigmates du conflit et les destructions matérielles, les fractures plus ou moins importantes, autant d’éléments qu’il s’agit d’affronter et de surmonter pour asseoir une paix et un renouveau que l’on espère durables. Toutes les périodes de l’histoire ont été confrontées à ces dynamiques humaines et économiques, les ayant plus ou moins bien surmontées. Le centenaire de la Grande Guerre nous montre toute l’actualité de cette question. Le colloque tenu à Nancy Reconstruction. Architecture et urbanisme après la Grande Guerre. La reconstruction en Lorraine et dans le Grand Est (Nancy, 4-7 octobre 2017), comme aussi celui qui s’est déroulé récemment à Charleville-Mézières, Reconstruction(s) (1er-2 février 2019), en sont de récentes illustrations. Si le premier colloque a mis l’accent sur les aspects matériels et architecturaux, le second a bien montré l’intérêt qu’il y a à intégrer les données sociétales et politiques (individus, souvenir, mémoire, sociabilités, cultures) dans le questionnement sur la reconstruction.
C’est bien au croisement de ces deux approches qu’est envisagée la thématique des Universités d’Hiver de 2019. En effet, en prenant bien en compte une chronologie allant de l’Antiquité à nos jours, il sera intéressant de se pencher sur la question des reconstructions matérielles et morales. Les premières incluent le bâti comme aussi les outils de production et également les espaces (terres arables, forêts). Si les périodes les plus récentes peuvent, a priori, offrir une matière plus abondante, il est évident que les archives, pour les époques plus anciennes, permettent également d’étudier les processus de reconstruction/reconstitution des espaces de vie et de travail. Par ailleurs, nous souhaitons appréhender les sociétés et les individus dans leur ensemble pour mieux aborder la thématique de la reconstruction. En effet, les conflits sont à percevoir certes comme des affrontements armés mais également comme des affrontements politiques fondés sur des idéologies ou des choix de société divergents et donnant lieu à des luttes verbales, écrites et parfois aussi physiques. En regard de cette approche, incluant les guerres et les situations de fortes tensions politiques et sociétales, nous voulons solliciter des contributions qui porteront sur la négociation (temporalités, acteurs, lieux), sur les mises en œuvre des pacifications et reconstructions, sur les perceptions également de ces moments, ce qui inclut les témoignages de contemporains des événements comme aussi l’iconographie. De même, il conviendra de réfléchir aux discours ayant trait à ces idées de reconstruction, de rénovation et de renouveau dans un contexte de pacification, toujours à travers le prisme des questions matérielles, politiques, culturelles, religieuses. Enfin, le niveau de lecture et d’analyse peut s’entendre à diverses échelles, allant de l’individu au groupe, de l’étude de cas à une vision plus large. Ce faisant, cette rencontre a bien pour objectif d’interroger, dans la diachronie, pratiques et discours destinés à pacifier les sociétés après des temps d’affrontements, de division, dans l’espoir de renouer avec des normes culturelles porteuses d’équilibres ou d’explorer des voies nouvelles.