Cyzique, cité majeure et méconnue de la propontide antique
Voilà cent ans qu'a paru le livre que F.W. Hasluck a consacré à Cyzique. C'est à ce jour la seule synthèse existante. Tout laisse deviner le rôle que cette cité jouait dans la région des Détroits. Elle est pourtant largement méconnue. Depuis un siècle, aucune fouille d'envergure n'y a été conduite, malgré quelques sondages d'ampleur modeste. La documentation qui s'y rapporte ne s'est que bien peu augmentée. Est-ce à dire qu'il n'y a rien de nouveau, et qu'il faut se résigner à rester dans l'ignorance à propos de Cyzique, malgré son importance ? Nous ne le croyons pas, pour deux sortes de raisons. L'absence de fouilles sur place n'implique pas l'absence de tout renouvellement de la documentation : ainsi les travaux conduits depuis un demi-siècle à Daskyleion obligent à repenser l'organisation régionale à l'époque achéménide. Des découvertes isolées ont pu enrichir, parfois substantiellement, notre information. D'autre part, les problèmes historiques sont envisagés maintenant tout autrement que du temps de Hasluck, et la compréhension du monde de l'Antiquité s'est profondément transformée. Trois thèses sur la région des Détroits récemment soutenues ont fait mesurer à quel point une réflexion moderne sur la cité de Cyzique faisait défaut.
C'est pourquoi il nous a semblé qu'on pouvait revisiter avec profit le travail de F.W. Hasluck à l'occasion du centenaire de sa publication, en tâchant de faire le point sur ce que l'on peut comprendre actuellement de cette cité toujours notable, parfois majeure. La situation documentaire imposait de donner à cette rencontre le cadre le plus large. C'est donc l'ensemble de l'Antiquité, des origines à l’époque impériale, que l'on voudrait envisager, en recourant aux diverses techniques utilisées pour faire progresser les connaissances. Nous pensons possible et souhaitable de dresser un bilan. Pour des raisons pratiques, il ne pourra être complet : ainsi, nous avons dû, à notre grand regret, renoncer à prendre en compte l'île de Proconnèse, où la connaissance des marbres et de leur exploitation a tant progressé depuis une génération. Si ce bilan pouvait déboucher sur un programme de recherches réalisable dans un délai prévisible, nos espoirs seraient comblés. Nous tenons en effet pour assuré qu'une recherche raisonnée sur place conduirait à des résultats. Nous ne souhaitons qu'une chose : que cette rencontre passe bientôt du statut de bilan à celui de jalon historiographique.