La France, les Français et les armes à feu de 1789 à nos jours

image politique adobe stock
Colloque/Journée d'étude
Metz
Affiche armes

En France, le rapport à l’arme à feu semble passionnel.

Du fusil 1777 qui symbolise aussi bien la prise de la Bastille que la révolte vendéenne, au Lebel, qui incarne la Grande Guerre, du pistolet-mitrailleur MAT 49 qui dit tant aux anciens d’Algérie au Famas en cours de remplacement, les armes ont développées un visage militaire lié à de nombreux conflits. Outil du soldat, ce dernier entretient des relations complexes avec l’arme. La perspective annoncée d’équiper bientôt l’armée française d’un fusil d’assaut étranger suscite déjà des remous.

Mais l’imprégnation de la société civile par les armes à feu mérite aussi d’être appréhendé de manière novatrice. La chasse joue encore un rôle économique et culturel non négligeable (2 Millions de chasseurs), les clubs de tir sportif (150 000 licenciés) et les magazines consacrés à l’armement sont nombreux et dynamiques (à commencer par la fameuse Gazette des armes), Régulièrement l’opinion et les médias s’émeuvent du trafic d’armes de guerre et de la circulation croissante de kalachnikov dans le Milieu (5000 armes à feu saisies chaque année) ou dans les « quartiers ». Devant le nombre élevé de morts par arme à feu en France (environ 1600 par an, y compris les suicides), certains réclament des réglementations plus contraignantes. Dans la société moderne pacifiée, l’arme à feu et l’image de virilité potentiellement agressive qu’elle paraît véhiculer, dérange. À l’évidence, le sujet ne laisse personne indifférent...

Ce colloque a souhaité éclairer cette particularité française (jusque-là largement délaissée par les chercheurs) en l’inscrivant dans une perspective historique. Il s’agissait d’étudier, sur un temps long remontant à la Révolution et s’écoulant jusqu’à nos jours, comment ce modèle français du rapport à l’arme à feu s’est construit dans la durée. Cela a été l’occasion de revenir sur des moments forts : la Révolution qui casse le privilège d’Ancien Régime pour faire de la possession de l’arme à feu un droit civique, l’instauration du service militaire qui font de l’arme à feu un objet presque familier, la législation d’avril 1939 de restriction et classement des armes, l’occupation allemande, la législation de Vichy et les parachutages d’armes à la Résistance dont beaucoup ne seront pas restituées à la Libération, les décrets de 1973/1993/1998/2011 qui régissent la possession et l’utilisation des armes à feu par les particuliers, ont été autant de questionnements qui ont fait l’objet de communications de manière à parvenir au même titre que les utilisations militaires et guerrières des armes à feu.