Universités d'hiver de Saint-Mihiel "Résister : du mot à l'acte, de l'Antiquité à nos jours"
Date de la manifestation : 13-15 novembre 2025
Résister. Tel est le titre de l’ouvrage de Jacques Baumel, touchant son passé et son regard sur la résistance en France au cours de la Seconde Guerre mondiale, tel est également et pour partie le titre du dernier ouvrage de Jean Malaurie, lui-même résistant. Dans la mémoire collective, l’évocation de la résistance évoque bien souvent la « Résistance », celle liée au contexte d’occupation par l’Allemagne nazie de la France et d’une grande partie de l’Europe, avec bien des noms qui font écho à cette période et qui alimentent une histoire et des imaginaires. Dans cette lecture, l’acte de résister, ce rejet d’une situation de fait, s’inscrit dans une démarche politique, idéologique, patriotique et qui s’exprime de multiples manières : le renseignement, le sabotage de productions, d’infrastructures, l’action armée. Femmes et hommes, connus et inconnus de l’histoire, ont marqué de leur empreinte une époque et tout un imaginaire lié à une période sombre du passé de l’Europe. Selon les pays et les régimes politiques en place après 1945, les discours relatifs à cette résistance varient mais tous cherchent à utiliser l’acte d’opposition à l’ennemi comme source de légitimité, quitte à exclure une partie des résistants qui n’entrent pas dans leurs vues.
Au-delà de la Seconde Guerre mondiale, on sait que « résister » n’est en rien une nouveauté dans le champ des sociétés humaines. De la résistance juive en Palestine face aux Romains de l’empereur Vespasien, relatée par Flavius Josèphe, à celle des Ukrainiens en cours depuis 2022, il y a une multitude de déclinaisons des formes de résistances : politiques, religieuses, sociales, intellectuelles, culturelles, alimentaires, climatiques, technologiques, philosophiques, etc. Les formes prises par l’opposition sont elles-mêmes plurielles. Si elles peuvent engager une action physique, par la manifestation, la lutte armée, le collage d’affiches, des opérations « coup de poing », elles usent également des voies médiatiques au gré des changements technologiques : de l’inscription peinte, gravée, sur un mur, à l’affichage d’imprimés la publication de livre, l’envoi de messages audio, de vidéo, électroniques, les modalités d’expression sont plurielles et bien souvent croisées.
Ces Universités d’hiver 2025 de Saint-Mihiel souhaitent ainsi s’intéresser à la thématique très large de la résistance et des résistances, en dépassant le seul champ de la lutte à l’occupant – sans pour autant l’occulter –, avec la volonté d’approfondir, sur le temps long et dans des espaces très divers, le sens de résister. Ainsi, peuvent être envisagées, dans l’espaces des sciences humaines, toutes les lectures permettant de mieux cerner ce que les sociétés mettent derrière la terminologie liée à la résistance. D’ailleurs, emploie-t-on toujours cette expression, dans des périodes plus lointaines, ou dans des contextes autres que militaire ? Une approche sémantique est dès lors bienvenue : « l’opiniâtre » en religion est-il un « résistant » ? De même, un regard attentif sur les vecteurs et les modalités de la ou des résistances sera apprécié, d’autant plus que se pose la question de la réception des messages. Les entrées donnant lieu à des études de cas, à même d’éclairer une ou des formes de résistance dans un contexte particulier sont également attendues. Les propositions peuvent aussi aborder des lectures historiographiques, des témoignages, comme aussi à des perceptions : le rejet du protestantisme peut être vu comme une résistance de la part de l’Eglise catholique, tout comme la volonté de suivre une nouvelle voie. La question du point de vue peut ainsi constituer une clef de lecture à même d’éclairer l’idée de résister.
Ces Universités d’hiver s’appuient sur toutes les périodes historiques, avec la volonté d’ouvrir la voie aux comparaisons et discussions, et de croiser les champs disciplinaires. Les actes de cette rencontre donneront lieu à une édition. La rencontre organisée par le CRULH – Université de Lorraine, en partenariat avec les Archives départementales de la Meuse, le Conseil départemental de la Meuse et la Ville de Saint-Mihiel.