Vérités et légendes d'une OAS internationale

politique
Colloque/Journée d'étude
Metz
OAS

Il existe différents travaux sur l’histoire intérieure de l’Organisation Armée Secrète, mouvement fondé à Madrid en février 1961 puis développé en 1961 en Algérie au lendemain du putsch d’avril pour défendre jusqu’au bout l’Algérie française, y compris par le terrorisme. En revanche, très peu de recherches ont été conduites sur les liaisons internationales de cette dernière ; de même, sur l’impact de l’OAS quant aux relations internationales si on excepte le dossier retentissant de l’enlèvement d’Antoine Argoud à Munich, opération qui a assombri pour un temps les relations franco-allemandes.

Assurément, différentes « enquêtes » journalistiques ont mis en avant l’existence d’une « OAS européenne » et insisté sur l’importance de sa contribution à un « orchestre noir » ou aux « escadrons de la mort » latino-américains dans le cadre de l’opération Condor. Pour spectaculaires que soient ces « révélations », elles ne sauraient être prises au pied de la lettre et surtout être considérés comme historiographiquement recevables. Le travail historique reste largement à faire sur cette question et l’objectif premier de ce colloque international est d’offrir des résultats les plus précis possibles sur ce qu’il en est des vérités et des légendes autour de cette relation de l’OAS à l’international.

Ainsi, à partir d’études originales conduites sur différents pays (Allemagne, Argentine, Belgique, Espagne, Italie, Luxembourg, Portugal), il s’agira de mesurer la réalité et l’étendue des réseaux internationaux ressortant de la nébuleuse OAS et l’impact de cette dernière sur les relations diplomatiques entre la France et les différents États concernés. Il faut comprendre en effet que si celle-ci se disloque après l’effondrement du printemps 1962, certains de ses dirigeants majeurs échappent aux arrestations et réussissent à trouver refuge à l’étranger. Par ailleurs, l’histoire de l’activisme pro Algérie française ne s’arrête pas là. Il est notamment l’affaire du Conseil national de la Résistance ou du Conseil national de la Révolution, organisations pilotées par d’anciens dirigeants de l’OAS encore en liberté et qui entendent, depuis la Belgique, l’Italie ou le Portugal continuer le combat par ce biais. On rappellera notamment que certains des derniers attentats contre le général de Gaulle (celui du Mont Faron en 1964) ont été préparés à l’étranger.

Plusieurs questions guideront les débats de cette rencontre internationale. Il s’agira d’abord de décrire précisément ces implantations activistes et de les questionner en termes de réseaux pour juger ensuite de la pertinence du qualificatif d’ « internationale noire ». De ce point de vue, la confrontation des résultats d’une recherche archivistique et l’analyse des médias contemporains est riche d’intérêt et permet de remettre en perspectives les distorsions existant entre les réalités et leurs représentations. Un second angle majeur du questionnement visera à mesurer l’impact de l’OAS dans les relations diplomatiques de la France de la Cinquième République et de saisir comment ces dernières sont influencées par la nouvelle donne introduite par l’OAS. Il faut comprendre par là la présence de certains de ses dirigeants et militants dans des États sur les territoires desquels ils entendent construire des bases arrières et sur les complicités qu’ils pourraient trouver de la part de régimes (Espagne et surtout Portugal) prétendument favorables si ce n’est acquis au combat qu’elle a menés. Comment réagit la diplomatie française ? Qu’en est-il des chancelleries étrangères et tout particulièrement, dans la péninsule ibérique et des arbitrages qu’elles opèrent entre affinités idéologiques et intérêt étatique quand ce n’est raison d’État ?