Mes travaux relèvent de l’histoire politique française contemporaine et plus précisément d’une histoire des organisations et pratiques militantes. Ils portent essentiellement sur deux courants de la droite française (modérés et gaullistes), deux axes thématiques (les organisations de jeunesse analysées comme espaces de formation mais aussi d’instrumentalisation politique et le phénomène de la violence militante dans ce qu’il révèle de culture politique), trois périodes (entre-deux-guerres, IV^ème République et temps présent des années 1960-70-80) et un type d’organisation (les organisations périphériques de type antenne cadette ou service d’ordre dont l’analyse éclaire l’histoire des partis en terme de culture politique et de fonctionnement militant). Ma recherche récente porte surtout sur le gaullisme militant de la V^ème République, elle intègre de nouveaux concepts (génération, réseaux, héritage, culture politique, entourage) et de nouvelles méthodes (prosopographie), elle insiste sur la pluralité de la famille gaulliste selon les espaces, époques et milieux. Je varie les approches en abordant l’action gouvernementale et parlementaire, les figures individuelles et collectives, le parti et ses satellites, le poids des courants et le rôle des réseaux, les questions doctrinales et les crises du gaullisme militant, son visuel enfin. Quelques axes dominants: attention portée à la morphologie du gaullisme militant des débuts de la V^ème et à la notion de « famille » gaulliste (dynamiques centrifuges et phénomènes de courants), insistance sur les réseaux d’un courant qui pénètre la société civile par un maillage d’influence, regard sur la diversité diachronique d’une famille politique au travers de ses générations ancrées dans des référents historiques et modèles culturels distincts, prise en compte des spécificités locales, intérêt pour la figure du militant et l’espace du terrain.

Ces dernières années, dans le prolongement de mon HDR, un nouvel axe thématique a attiré mon attention, celui de la violence militante en France au XX^ème siècle (acteurs, causes, espaces mais aussi perception, gestion et évolution du phénomène). Je montre que certaines formations ont entretenu avec la violence une relation forte, en valorisant des formes de violence au point de les ériger en pratiques militantes où s’exprime une part de leur identité. Aux explosions majeures, j’ai privilégié comme corpus d’étude un maquis de micro-violences (meetings contradictoires chahutés, rixes entre colleurs d’affiches, permanences saccagées) et distingué dans une logique multiscalaire des espaces réfractaires à la civilisation des mœurs tout en appréciant dans une comparaison avec l’étranger ce qui apparaît comme une relative exception française : cette « violence simulée » évoquée par Serge Berstein pour l’entre-deux-guerres. Ce sujet permet de croiser les grilles de l’histoire (dans ses champs politique, social et culturel) avec celles de la science politique, sociologie, anthropologie et psychologie. Dans cette perspective, je me penche sur les services d’ordre (SO) en montrant (via une approche anthropologique par le bas) ce que les SO disent du parti dont ils dépendent et même de la vie politique du pays où ils s’inscrivent. À partir de l’été 2015, mes recherches sur la violence politique s’inscrivent dans le cadre collectif et pluridisciplinaire du programme ANR que je dirige (VIORAMIL) et qui porte sur les violences et radicalités militantes en France depuis les années 1980.

Ces thématiques font l’objet de mes enseignements, notamment de Licence 2 et 3, mais aussi et surtout de Master. Je propose des sujets de recherches (M1, M2 et Doctorats) portant prioritairement (mais pas exclusivement) sur l’histoire politique française contemporaine (du XIX^ème siècle à nos jours), sur l’histoire des organisations militantes, du personnel politique et des cultures politiques. Les travaux peuvent couvrir tout l’espace national ou se limiter à l’espace lorrain.