La Ligue d'Action française : mode d'organisation et pratiques culturelles, sociale et politique (1905-1936)

Directeur / directrice de thèse hors CRULH
DARD Olivier, LANNEAU Catherine
Date de soutenance
Membres du jury CRULH
Membres du jury hors CRULH
MANIGAND Christine, rapporteur
JOLY Bertrand, rapporteur
BALACE Francis, examinateur
Lieu de la soutenance
Metz

Notre thèse se décline en une approche chronologico-thématique autour de trois pôles majeurs. Il s'agit, tout d'abord d'une démonstration qui entend établir un tableau aussi précis que possible de la structure, des rouages et de l'implantation des organisations d'AF à Paris et en province. L'objectif est ensuite d'analyser les grandes matrices de l'engagement militant mais aussi et surtout leurs évolutions successives en lien avec un contexte politico-diplomatique extrêmement mouvant. Il s'agit pour chaque période donnée de chercher à comprendre ce qui constitue l'engagement au sein de la ligue dans une approche résolument tournée vers la base militante. Enfin, il faut réfléchir à la place et au rôle de l'AF dans la nébuleuse royaliste et nationaliste de son temps afin de comprendre les jeux d'alliance et de concurrence entre les diverses organisations mais aussi dans quelle mesure et de quelle manière la ligue d'AF s'est intégrée au répertoire d'action collective de son temps tout en participant à son renouvellement. Le choix de notre découpage chronologique répond à des nécessités à la fois contextuelles et propres à l'histoire de l'Action française. Au cours de la première période, de 1905 à 1914, on assiste à une structuration rapide et continue de l'appareil d'action intellectuelle et militante. Les rouages nationaux et locaux de la ligue se mettent en place et les matrices de l'engagement militant sont diffusées par l'intermédiaire du quotidien et contribuent à influencer l'opinion publique. A cette époque, l'AF est presque seule dans le champ nationaliste mais doit se positionner au sein du monde royaliste.
Pendant la Grande Guerre, les structures de la ligue sont désorganisées. L'objectif principal est alors de continuer à diffuser le journal ce qui n'empêche pas la ligue d'utiliser le temps de guerre pour tenter de nouvelles méthodes de propagande notamment dans l'armée. La période 1914-1918 permet aussi à l'AF de se respectabiliser en choisissant la voie de l'Union sacrée. Elle reste malgré tout une organisation particulièrement surveillée d'autant plus que son influence dans l'opinion publique s'accroît.
Après-guerre, l'AF se réorganise partout en province. Au cours de la période 1919-1926, elle fait l'expérience de la vie parlementaire et glisse, de fait, vers une sorte de convervatisme contre lequel elle s'est initialement constituée. Ses échecs électoraux couplés à l'influence croissante des communistes dans la vie publique contribuent à relancer son activisme militant mais pas suffisamment selon certains de ses membres qui suivent alors Georges Valois dans la dissidence du Faisceau. L'AF doit également faire face à l'apparition d'une nouvelle concurrence nationaliste avec la naissance des Jeunesses Patriotes.
En 1926, elle est confrontée à la plus grave crise de son histoire : sa condamnation pontificale. Au cours de la période 1927-1929, la ligue cherche à rebondir et à maintenir son implantation et ses activités dans un contexte, par ailleurs, globablement défavorable. Les résultats sont extrêmement nuancés selon les régions, mais, dans l'ensemble, il n'y a pas d'écroulement de sa structure militante même si les difficultés financières de la ligue sont de plus en plus importantes.
Au tournant des années 1930, la crise économique aggrave encore ces difficultés mais contribue aussi à créer un contexte favorable à un nouvel épisode de flambée ligueuse. Au cours de la période 1933-1936, l'AF connaît un regain de vitalité dont le paroxysme se situe au moment du 6 février 1934. Cela étant, cet épisode démontre également les limites et les faiblesses du phénomène ligueur nationaliste en France.