L’Afrique Occidentale francophone entre le franc CFA et le projet de développement économique et social depuis 1960

Cette thèse se greffe sur la branche de l’histoire contemporaine de l’Afrique occidentale francophone. Son point d’encrage est la thématique du franc CFA (Franc de la communauté française d’Afrique pour l’Afrique de l’Ouest, et Franc de la coopération française d’Afrique pour l’Afrique centrale) et le projet de développement économique et social depuis 1960. La recherche émane d’une approche pluridisciplinaire. Elle analyse les questions de politique commerciale et économique sans cesse débattues à l’échelle internationale. La problématique porte sur le rôle de la monnaie dans les relations internationales : le cas du franc CFA entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne. En effet, l’indépendance suppose avant tout pour un pays, une souveraineté politique, économique et sociale. Le franc CFA est un sujet d’actualité et qui passionne plus d’un. En ce XXIe siècle, le franc CFA demeure la seule monnaie coloniale encore utilisée par quatorze pays dont douze relèvent des anciennes colonies françaises. Il s’agit du Bénin, du Burkina-Faso, du Centrafrique, de la Côte d’Ivoire, du Congo, du Gabon, du Mali, du Niger, du Sénégal, du Tchad et du Togo. La Guinée Équatoriale (hispanique) et la Guinée-Bissau (lusophone) vont rejoindre ces pays francophones respectivement en 1984 et 1997. Face aux enjeux de développement du monde contemporain, les pays utilisateurs du franc CFA se trouvent être parmi les bons derniers élèves de cette classe. Hormis le taux de paupérisation élevé, les populations de cet espace sont sujettes aux fléaux liés à l’insécurité (dans le Sahel et le golfe de Guinée par exemple) et à l’émigration. Notre démarche nous a permis de mieux appréhender le fonctionnement de cette monnaie afin de comprendre son impact sur le quotidien de ses utilisateurs. Pour mener à bien cette étude, trois outils méthodologiques ont été utilisés. D’abord, la documentation. Celle-ci a permis de dresser l’état des lieux par rapport à la documentation existante. Nous avons accédé aux documents de première main entre 2018 et 2022. Ensuite, pour vérifier certaines hypothèses, nous avons mené des enquêtes de terrain pour constituer des sources orales auprès des personnes ressources (hommes politiques, universitaires…). Enfin, des enquêtes menées auprès des populations cibles (étudiants et citoyens de tout bord) nous ont permis de comprendre leur ressenti par rapport à cette monnaie. Les entretiens et enquêtes (en présentiel et en virtuel) ont été menés dans divers pays : Togo, Bénin, Gabon, Côte d’ivoire, France, Canada. Nos différentes sources, qu’elles soient écrites ou orales, ont subi une rigoureuse critique externe (forme) et interne (fond). La critique de fond nous a permis de vérifier si le contenu est étayé par d’autres sources, tandis que celle de la forme s’est intéressée à l’origine et à l’authenticité du document ou des faits relatés. Pour les sources orales, nous avons établi le statut des informateurs par rapport aux informations. Il ressort des résultats des investigations que le franc CFA est et demeure encore une monnaie coloniale mais dont l’avenir est incertain. Les conséquences sont diverses : parité fixe de la monnaie par rapport à l’euro, non-fluctuation de cette monnaie sur le marché international, effets de la dévaluation de 1994, assassinats des plus téméraires opposants à son utilisation. Le combat pour une sortie de crise est à la fois individuel, à travers certaines plumes, et collectifs, à travers des associations et des organisations de défense des peuples opprimés. L’objectif de cette thèse est de réfléchir sur la question fondamentale de la survie ou non du franc CFA en Afrique. Le but est également de connaître le rôle qu’ont joué les pères indépendantistes dans les pays de la zone franc CFA face aux règles édictées par la France au sujet de la gestion de cette monnaie qui, de notre point de vue, permet à la France de jouer la prolongation de la colonisation dans ses ex-colonies.