ARES - Annuaire de Recherche sur les militairES

ARES - Annuaire de Recherche sur les militairES

Projet porté par Julie d'Andurain

Initié en 2020, le projet ARES – Annuaire de Recherche sur les militairES – a pu se développer grâce au financement du CRULH, du Pôle TELL (Humanités Numériques) et de la DPMA (Direction des Patrimoines, de la Mémoire et des Archives). 
Le programme consiste à forger un corpus biographique numérique portant sur les officiers issus des grandes écoles (Polytechnique, Saint-Cyr, Navale). La période retenue est celle allant de 1794 à 1940, de la naissance de Polytechnique à la fin de la IIIe République. L’outil vise à déterminer les contours précis des carrières de ceux qui sont amenés à devenir, par leur formation initiale, l’élite de l’armée ; il permettra aussi d’étudier plus précisément le rôle des écoles militaires dans la sélection, la formation puis la promotion des officiers.
L’inspiration de la démarche scientifique puise ses racines dans l’étude passée des troupes coloniales. Ces formations sont fondées sur des provenances scolaires diversifiées (les marsouins et les bigors ont respectivement des origines saint-cyrienne ou polytechnicienne), mais doivent aussi travailler avec les officiers issus de l’Ecole Navale (les Bordaches). Par conséquent, pour bien comprendre la formation des troupes coloniales, il faut dépasser les divisions d’armées (Terre/Mer/Air) qui régissent le classement des archives et conditionnent les recherches de l’historien. Il faut au contraire rassembler des informations dispersées, les croiser et comparer la manière dont ces officiers ont servi la République, sur une longue durée. Au-delà de la diversité apparente des groupes, il existe une unité profonde (l’engagement militaire) et une sélection par une école « spéciale ».
Dès l’origine, ARES a été conçu comme un outil d’histoire sociale et culturelle du fait militaire. Il s’agit de forger un équivalent militaire du ‘Maitron’ (histoire sociale du monde ouvrier) de façon à identifier précisément les officiers issus du « recrutement direct », c’est-à-dire sortis des grandes écoles. Une fois achevé, l’outil permettra d’objectiver ce milieu si spécifique, de mieux connaître le devenir des promotions, d’étudier le panachage du choix des armes à la sortie de l’école, de vérifier si ces formations sont fermées dans un entre-soi endogame et élitaire ou si la République a su, au contraire, par une politique volontariste, ouvrir les formations à tous les milieux. ARES autorisera ainsi une sociographie très fine de l’institution militaire, au titre de la biographie, de la prosopographie ou de tout autre axe de recherche. Il s’agit donc là d’un outil de recherche, de connaissances et de pratiques professionnelles tout à fait important.
Au bout de deux ans de travail et à l’aide de 3 étudiants (Arthur Maunit, Quentin Petitgand et Léonel Noubou), la base de données rassemble déjà des informations précises sur plus de 50 000 individus. ARES a vocation à être utilisée par les chercheurs, particulièrement par les étudiants de l’Université de Lorraine à la fois comme source d’information, mais aussi en vue d’une exploitation des données. Dans le cadre de son M2 cette année, Sam Couqueberg, lauréat du programme Orion en 2021, a effectué un traitement qualitatif et quantitatif tous les Polytechniciens du XIXe siècle. À l’heure où j’écris, son mémoire n’est pas terminé, mais il s’annonce très intéressant.
ARES a progressé à un rythme soutenu depuis 2 ans. Le programme va se poursuivre dans les années à venir car une fois l’identification des individus finalisée, il sera nécessaire de saisir ou de compléter les états de service pour l’ensemble du corpus. C’est donc un travail de longue haleine qui nous attend. 

Je remercie ici chaleureusement toutes les équipes qui m’ont aidée à concevoir ce programme de recherche : les étudiants en histoire de Metz mais aussi le Pôle TELL, la Direction et l’équipe administrative du CRULH.

Julie d’Andurain, Metz, mai 2022.
 

Les membres du projet

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