Analyse esthétique, vers une nouvelle approche de l'histoire musicale

Directeur / directrice de thèse
Date de soutenance
Membres du jury hors CRULH
VENDRIX Philippe
ARBO Alessandro
MAISONNEUVE Sophie
Lieu de la soutenance
Visioconférence

Grâce à l’apparition de l’enregistrement à la fin du XIXe siècle, la musique s’est enrichie d’une multitude de pratiques éclectiques. La capacité à conserver toujours plus précisément le phénomène musical permit la multiplication des transferts culturels à travers le globe, favorisa la reconstitution de pratiques musicales oubliées, et engendra un développement de connaissances historiques protéiformes. Enfin, face à ce savoir musical et ces enregistrements issus du passé, la création musicale contemporaine pu se positionner dans quantités de démarches variées et inattendues ainsi acquise. Cette richesse ainsi acquise aboutit à des perceptions différentes de la musique, voire tellement contradictoires qu’elles paraissent rendre abscond tout discours esthétique. Le mot même « musique », employé au singulier, semble désormais bien étriqué pour appréhender l’ensemble des manières de penser le phénomène musical à travers le temps et l’espace. De même, au sein des paradigmes musicologiques contemporains, la pensée esthétique a clairement perdu ses lettres de noblesse et le relativisme culturel s’est imposé comme solution pour expliquer l’ensemble des phénomène musicaux : il existerait une multitude de musiques dans une multitude de lieux géographiques avec une multitude d’histoires. Cette thèse cherche un autre chemin afin de définir les paradigmes permettant d’élaborer une histoire de la musique au singulier. En effet, vouloir concevoir les phénomènes musicaux en tant que processus multiples, sans rapport les uns aux autres, pose de nombreux problèmes épistémologiques. La pensée défendue dans ce travail à contre-courant des vents dominants de la musicologie, exige de définir un cadre dans lequel il est possible de penser d’un côté une ontologie de la musique, et de l’autre une caractéristique anthropologique permettant, entre les deux, d’établir un rapport esthétique qui relie l’être humain et le réel musical. Pour ce faire, elle prend appui sur certaines théories issues du « réalisme esthétique » : pour être appréhendé, le réel doit être conçu comme une entité singulière, accessible par les sens et la raison. La démarche de cette thèse emprunte également les concepts de « Pratiques » et de « Représentations » afin de relier ce rapport esthétique universel avec un espace historique où la musique au singulier pourrait se réaliser de multiples manières, en fonction de situations sociétales particulières, et où elle pourrait évoluer en lien avec les connaissances et les pratiques musicales référentes d’une société. Au sein de ce travail, le choix d’étudier les transformations des pratiques musicales depuis l’apparition de l’enregistrement, à partir des travaux historiques et sociologiques sur le sujet, permet enfin de comprendre les profonds bouleversements que la technologie engendra dans nos propres représentations du mot musique. Cette démarche permet aussi d’envisager le gouffre nous empêchant d’approcher pleinement la musique et son histoire avant l’enregistrement. Elle amène en dernier lieu le lecteur à envisager de nouvelles pistes fondées sur ce que nous nommons l’« archéologie musicale », démarche voulant bâtir une nouvelle approche des sources considérées comme « sédiments musicaux », et apporter un éclairage sur nos visions et nos pratiques contemporaines face au passé.