Cette thèse propose de décloisonner la chronologie, d'élargir le cadre géographique afin de penser la création d'une armée nationale au Cameroun comme l'aboutissement d'un long processus de sédimentation militaire. Au cœur de ce long processus se modèlent les carrières à l’échelle des parcours individuels et collectifs, imbriqués dans des générations travaillées par des expériences coloniales plurielles. Rattacher l’armée camerounaise à ses racines coloniales permet de relier amplement les unités disparates qui la précèdent, de suivre leur trajectoire et de questionner à l’ombre de la culture militaire française (qui l’inspire) son itinéraire et modèle institutionnels. Il s’agit également d’étudier la réalité du pouvoir militaire en son sein et les modalités de sa transmission au prisme des relations coloniales et postcoloniales. En revenant sur les débuts du mandat français au Cameroun, nous analysons les multiples configurations de parcours et structures militaires (partisans armés, miliciens, gardes, goumiers, tirailleurs, soldat national...), la participation du territoire à la Deuxième Guerre mondiale, la guerre de décolonisation, la construction de l'armée et la transmission du pouvoir militaire.